« Pour Ida Brown »

PIGLIA Ricardo

(Gallimard)

Renzi quitte l’Argentine post péroniste pour les Etats-Unis où il est convié, en raison de son statut d’écrivain, par une université afin d’y donner des cours. C’est là qu’il rencontre Ida Brown, universitaire elle aussi. S’engage entre ces deux personnages une relation qui ne se montre pas au sein de l’espace public. Jusqu’au jour où Ida Brown décède dans ce qui pourrait être un accident de voiture. Ce dont doute le FBI qui enquête sur les circonstances de la mort de la jeune femme. Certains indices laissent en effet penser qu’il existerait de possibles similitudes avec d’autres affaires criminelles. Renzi, conseillé par sa plus proche voisine, une vieille russe issue de l’immigration, tente de déterminer ce que fut la véritable personnalité de celle qui fut sa maîtresse. Ses investigations, en parallèle à celles conduites par les agents du FBI, le conduisent vers un ermite retiré dans les montagnes du Montana, un homme qui fut autrefois un brillant scientifique. Les flics arrêtent l’individu : ils ont acquis la certitude que ce solitaire est bel et bien l’expéditeur des colis piégés qui provoquèrent la mort d’une bonne dizaine de personnalités.

Ricardo Piglia prend donc appui sur une affaire criminelle qui défraya les chroniques américaines voilà une quinzaine ou vingtaine d’années (la mémoire du Lecteur n’est, en la matière, pas très fiable). Mais son roman, en dépit des apparences, ne se cantonne pas dans les limites ordinaires du polar. Son roman décortique les affres dont souffre un pays qui, au-delà des apparences, bien au-delà des mythes, ne parvient pas à se désentraver de la violence et à faire un usage conforme de la démocratie qu’il prétend incarner. A quoi s’ajoute un hommage à cette part de la littérature américaine la plus lucide, la plus engagée contre les dérives. Ce qui donne un roman passionnant de bout en bout.

Pour Ida Brown

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