« La tourmente »

SOROKINE Vladimir

(Verdier)

Un roman russe à ne pas rater, que le Lecteur faillit bien rater puisqu’il fut publié chez Verdier en 2012. Un roman construit sur la relation entre un médecin (Garine), représentant d’une certaine élite cultivée, et un homme du peuple (Le Graillonneux) lequel se satisfait du peu dont il dispose. Garine est chargé d’une mission importante : vacciner contre un mal redoutable, venu de lointaines contrées, la population d’une bourgade. Mais arrivé à Dolbechino, il ne trouve pas de chevaux au relais. Fort marri, il finit par convaincre le Graillonneux de l’emporter sur la trottinette tirée par cinquante chevaux nains. Commence alors une odyssée sous une tempête de neige qui ne cesse de s’amplifier. Tant et si bien que la route finit par s’effacer et disparaître, contraignant peu à peu le duo et leur étrange équipage à imaginer les conditions de leur survie. Tout au long de leur périple, ils font de surprenantes rencontres. Ils seront même hébergés par une tribu venue des fins fonds de la Russie, les « vitaminovampires », lesquels se livrent à d’illicites trafics de produits stupéfiants à l’usage desquels Garine s’initiera.

Le Lecteur fut fasciné par ce prodigieux récit. De toute évidence, Sorokine dépeint une société russe en marche vers un devenir incertain. Entre l’apparente modernité que, par exemple, les « vitaminovampires » laissent entrevoir à Garine, et cette sorte de Russie éternelle qu’incarne le Graillonneux. Entre le Grand et le Petit, les Géants et les chevaux-nains. Dans une tourmente incessante, dont la brutalité s’amplifie, n’accordant que de brefs instants de répit aux protagonistes et donc, tout compte fait, à la société tout entière. Sorokine s’inscrit dans la grande tradition du roman russe. « La tourmente » a en effet réveillé chez le Lecteur le souvenir de sa lointaine rencontre avec Tolstoï (« Maître et Serviteur »).

La tourmente

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