« La parole contraire »

DE LUCA Erri

(Gallimard)

Le Lecteur a déjà évoqué cet ouvrage dans une chronique qu’il consacra à Erri De Luca le jour (28 janvier 2015 http://palavazouilleux.canalblog.com) où il fut convoqué devant les juges de Turin. Une convocation qui faisait suite à la plainte déposée par les dirigeants de la société Lyon-Turin Ferroviaire, celle-là même qui est chargée de la construction de la ligne à grande vitesse devant relier les deux cités, un projet qui suscite depuis plusieurs années une très vive opposition de nombreux habitants du Val de Suse. Dans une interview publiée par plusieurs organes de presse, Erri De Luca qui milite parmi ces habitants fit usage du mot « sabotage » pour justifier des méthodes de résistance employées par ceux qui font plus que douter et de la validité et de l’intérêt économique d’un tel projet.

Cette « parole contraire » est une belle parole, une parole utile, une parole nécessaire, une parole vivifiante. Elle est celle d’une défense sans concession de cette liberté d’expression dont il est beaucoup question par les temps qui courent. C’est un plaidoyer magistral mis en écriture par un des plus importants écrivains contemporains. Ses mots ont une portée universelle, d’où sans doute le peu de cas qu’ils lui furent fait en France.

« Si je ne le faisais pas, si je me taisais par convenance personnelle, préférant m’occuper de mes affaires, les mots se gâteraient dans ma bouche. Mon vocabulaire d’écrivain tomberait malade de réticence, de censure. Je perdrais la belle compagnie que me tient l’écriture depuis l’âge lointain de ma première histoire. Pour moi, en tant qu’écrivain et en tant que citoyen, la parole contraire est un devoir avant d’être un droit. »

La parole contraire

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