« La fabrique d’hormones »

GOLDSCHMIDT Saskia

(Gallimard)

Mordechai De Paauw, dit Motke, bientôt centenaire, attend la mort. Il raconte sa vie. Une vie qui parcourt l’autre siècle et ses années les plus noires. Héritier de l’abattoir familial, il eut la géniale idée de transformer l’entreprise en un laboratoire pharmaceutique où furent récupérés des abats destinés à produire en premier lieu de l’insuline. Il associa à cette entreprise Rafaël Levine, un éminent scientifique juif allemand. Les deux hommes négocièrent un accord qui donna naissance durant les années trente à un florissant groupe capitaliste dont les deux hommes tirèrent de substantiels profits. Jusqu’à l’entrée des hordes nazies aux Pays-Bas. Mordechai De Paauw, d’origine juive lui aussi, avait pris la précaution de transférer une partie des activités vers des filiales installées aux USA et en Grande-Bretagne (pays où il s’était replié dès le début des hostilités). L’Allemagne hitlérienne vaincue, il revient chez lui où il relance les activités des entreprises et élimine de leur direction Rafaël Levine qui n’avait pu connaître, lui, les délices (et donc les avantages) de l’exil.

A partir d’archives familiales, Saskia Goldschmidt a bâti un roman percutant qui narre l’émergence d’un groupe pharmaceutique dans le contexte d’un capitalisme qui semble ignorer ses propres limites. Deux individus ambitieux et avides de richesses en sont les piliers. Sauf que les circonstances historiques bouleversent leurs plans et qu’il y aura donc un gagnant et un perdant. Ainsi que de multiples victimes annexes dont, et en tout premier lieu, Aron, le frère jumeau de Motke.

« … Des choses ignobles, Motke, je l’admets. Pas joli joli, le grand prix de l’infamie. Je n’en suis pas fier. Mais grâce à tout ce trafic, nous avons obtenu un délai et nous avons effectivement eu le privilège de circuler sans arborer l’immonde bout de chiffon jaune... »

La fabrique d'hormones

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