« L’été des noyés »

BURNSIDE John

(Métailié)

Une île au nord de la Norvège. La jeune narratrice vit là avec sa mère, artiste peintre à la notoriété assez bien établie. Un enfermement. Deux solitudes partagées. Quelques voisins, dont son vieil ami qui lui raconte les légendes, la vieille mythologie scandinave. Et parmi tous les personnages évoqués, la huldra, laquelle a la réputation de provoquer la mort de ceux qui se hasarderaient à trop l’approcher. Or, au tout début de l’été, deux frères décèdent l’un après l’autre de noyade. Ou, plus exactement, ils disparaissent, selon le sens commun de ce verbe. Littéralement absorbés par les flots sans qu’il soit possible d’apporter d’explication rationnelle à leur disparition. Auraient-ils et l’un et l’autre approchés de trop près la huldra ? La narratrice ne fait qu’évoquer l’hypothèse. Mais quelques semaines plus tard, un vacancier disparaît à son tour dans d’étranges circonstances. La narratrice fut ou crut être témoin de cette nouvelle disparition. « Comment pouvais-je être témoin d’une chose que je n’avais pas réellement vue ? » Burnside n’élude évidemment pas le mystère. Il l’opacifie même un peu plus lorsqu’il met en scène l’escapade londonienne de la narratrice, escapade au cours de laquelle elle ne rencontrera pas son père biologique qui vient de décéder.

« L’été des noyés » est un surprenant roman. Du moins un roman qui a surpris le Lecteur toujours tenu en équilibre instable entre un réel visible, presque palpable, et l’imaginaire. Un imaginaire qui est celui de la narratrice, laquelle le nourrit auprès de son voisin et vieil ami. Devenue adulte, rendue à sa solitude, elle s’adonne à la cartographie, ou plus exactement à des formes imaginées de la cartographie. Comme si le monde réel devait lui échapper. Comme s’il devait échapper à la conscience de celui ou de celle qui s’immerge dans le roman et qui s’efforce à surnager face à de mystérieux courants.

L'été des noyés

Partager cet article