« Et il dit »

DE LUCA Erri

(Gallimard)

L’athée De Luca est un lecteur familier de la Bible et, en particulier, de l’Ancien Testament. Il revisite ici les dix paroles reçues par Moïse sur le Mont Sinaï. Moïse qui fut, bien avant De Luca, et pour des raisons fort différentes, une sorte d’alpiniste. Dix paroles qui traitent entre autres de la liberté, de l’identité. Des questionnements éminemment contemporains. Auxquels la voix du Poète confère une dimension charnelle. « Une nuit sans lune commençait, les étoiles brûlaient comme les flambeaux d’une procession. Les hommes s’approchèrent des femmes sous l’urgence d’une nouvelle génération pressante, pour sceller ce jour prodigieux. « Et tu aimeras » : telle était la dernière et juste consigne. Elle les résumait toutes. »

Mais il serait également judicieux de prendre le temps de s’arrêter sur la relation de De Luca avec le judaïsme. Compagnon du voyage, l’écrivain se tient à la marge, lui qui ne croit ni en diable ni en dieu, lui qui n’atteindra pas la Terre Promise. Un compagnonnage qu’explique le désir de comprendre, de connaître, qui est légitime curiosité. Et là encore, la langue de De Luca sublime la démarche. « Si j’avais à choisir un où et un comment de naissance, je répéterais les mêmes : au Sinaï en étranger. Je ne dois pas appartenir, je suis avec les treizièmes, étrangers à la douzaine convoquée. Mon titre de voyage est de suivre à l’écart. »

Et il dit

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