« Rouge de soi »

BABOUILLEC

(Rivages)

Le Lecteur aborda à ce roman avec ce qui pourrait être assimilable à de la circonspection. En raison, essentiellement, du battage médiatique qui entoure l’Auteure dont il eut le sentiment qu’elle servait d’alibi à ceux qui confinent le handicap dans des espaces clos destinés à rendre invisibles les personnes qui en souffrent.

Babouillec ? Une jeune trentenaire autiste. Qui n’a appris ni à lire ni à écrire. Ni même à parler. Mais qui s’est forgée un mode de transmission personnel : la composition de ses textes en utilisant des lettres en carton disposées par ses soins sur une feuille blanche. Des compositions que la mère de Babouillec retranscrit ensuite selon les us en vigueur.

Donc la circonspection du Lecteur. Lequel dans un passé fort lointain, avait passé quelques semaines, au titre de l’éducation nationale, dans un établissement spécialisé accueillant des enfants autistes. Une confrontation qui a laissé en lui de douloureux souvenirs. Lesquels expliquent peut-être ses réticences initiales et dons son refus de s’abandonner à une curiosité « exubérante ».

Son cheminement ? Prudent dans un premier temps. Avant qu’il se laissât aller, comme emporté par le tourbillon des mots plus que par le récit lui-même. Le récit ? L’histoire d’une jeune autiste, Isabelle Othello. Autonome. Tournée vers la danse et, plus généralement, vers la création. Des amitiés. Une vie presque normale. L’assistance d’une « réparatrice de vies ». « Elle se sent étonnamment capable de poursuivre, de concert avec Mme Sanchez, l’action d’être soi-même heureuse dans cette forme d’existence. Investie dans ce travail, elle s’ouvre aux autres doucement. »

Donc un livre témoignage. Ou ce qui en prend les apparences. Un livre qui aide à entrevoir les issues à l’enfermement. Un livre irrigué par cet incessant tourbillon des mots.

Rouge de soi

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