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20 mars 2023

Le Trésorier-payeur

haenel

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le Trésorier-payeur »

HAENEL Yannick

(Gallimard)

 

« Il n’y a rien de plus beau qu’un roman qui s’écrit ; le temps qu’on y consacre ressemble à celui de l’amour : aussi intense, aussi radieux, aussi blessant… » Malgré son titre qui pourrait laisser croire que ce roman-là raconte l’histoire d’un quelconque gratte-papier dévoué au service d’une administration tatillonne, Le Trésorier-payeur se ressent – c’est du moins ce que s’autorise à prétendre le Lecteur – comme quelque chose d’intense, de radieux, mais aussi de blessant. Blessant non point à l’encontre de lui-même mais face à ce monde dans lequel évolue, au sein de la Banque de France, un certain Bataille qui avait avorté ses études de philosophie avant de s’orienter vers le commerce pour enfin aboutir à Béthune dans l’agence de ladite Banque qui lui confie la mission ô combien redoutable de traiter les dossiers des surendettés. « Béthune est une sous-préfecture du nord de la France, située dans le département du Pas-de-Calais, à une quarantaine de kilomètres de Lille ; il faut à peu près une heure et demie pour y arriver en train depuis Paris. »

Le Narrateur venu à Béthune pour y parler de l’influence de Georges Bataille (l’Ecrivain, bien sûr) sur l’art contemporain y découvre qu’un autre  Bataille, lui aussi prénommé Georges, avait en effet, au temps de la splendeur de la Banque, officié au sein de l’établissement dans les fonctions ci-dessus mentionnées. Un personnage étrange mais ô combien attachant que cet autre Georges Bataille. Une sorte de poète anarchiste, épris de belles lettres. Donc totalement incongru dans ce milieu si sage, mais au sein duquel il est soutenu par son supérieur hiérarchique. Et donc susceptible de vivre les aventures les plus insensées et de se consacrer aux amours les plus improbables. Des amours qui exalteront d’ailleurs l’ultime mouvement d’un roman qui ressemble à une symphonie littéraire.

« Les banquiers étaient en train de détruire le monde et lui divaguait sur le cœur exubérant de l’économie, sur l’embrasement qui en anime les procédures… Dans son enthousiasme, il allait jusqu’à penser qu’on avait pas encore envisagé l’économie à la mesure de l’univers. Notre monde faisait erreur : l’argent n’était pas qu’une matière d’échange, ni même la source illimitée de profits en laquelle les riches se dévoient, mais une forme d’énergie qui appelait la dilapidation. Il y avait une vérité qui ne s’exprimait qu’à travers la dépense, et il entrevoyait une véritable mise à l’envers de la pensée… »

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