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Lectures
11 novembre 2022

Monsieur Faustini part en voyage

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« Monsieur Faustini part en voyage »

HERMANN Wolfgang

(Verdier)

 

Un roman tout en subtilité, qui n’a nullement besoin de longues et fastidieuses descriptions pour mettre en exergue et moquer les multiples travers de notre monde.

Monsieur Faustini est un autrichien tout ce qu’il y a de plus banal. Retraité et solitaire, il réside dans une région plutôt agréable, celle qui domine le lac de Constance. Un matou lui tient compagnie. Et madame Gigele, sa voisine, assure en tant que femme de ménage les taches subalternes que monsieur Faustini ne saurait assumer. Mais monsieur Faustini rêve de voyages. Certes, il se rend régulièrement à Bregenz, la ville la plus proche de son domicile. Mais ces déplacements au caractère routinier ne satisfont pas ses attentes.

Le hasard faisant plutôt bien les choses, sa sœur qui réside en Italie, soit donc de l’autre côté de la frontière toute proche, l’invite pour son anniversaire. Monsieur Faustini confie la garde de sa demeure et de son chat à madame Gigele. Et le voilà parti pour l’autre pays, vêtu entre autre de la veste qui ne l’a pas quitté depuis des lustres. Les retrouvailles frère et sœur se passent plutôt bien. D’autant mieux qu’elles sont agrémentées par la présence de sa nièce (Iris) qui depuis leur seule et unique rencontre est devenue une charmante et spirituelle jeune femme. D’autant mieux que sa sœur, laquelle à n’en point douter a des intentions de marieuse, le met en contact avec une accorte quinquagénaire, délicieusement sensuelle et artiste-peintre à ses heures, Madame Luna. Une brève quoique exaltante parenthèse pour monsieur Faustini qui pourtant ressent très vite le besoin de retrouver son cadre familier et le chat sans doute désespéré par la longue absence de son maître.

Un roman à savourer. Un roman qui réveille le souvenir de Goethe (le lac de Constance, l’Italie, une nièce qui fait naître des sentiments incongrus, quelque chose qui ressemble étrangement au romantisme allemand), mais ceci relève d’une autre histoire, celle qui ne fut pas écrite par Wolfgang Hermann.

« Quand M. Faustini descendit de l’autocar, à Bellinzone, il était comme hébété. Bellinzone. Le mot avait à son oreille une résonnance familière, quoique lointaine. C’était comme s’il l’avait déjà entendu en rêve. Bellinzone. Une ville affublée de ce nom n’était-elle pas riche de mille promesses ? M. Faustini n’eut cependant pas le temps d’admirer les palmiers, car le train à destination de Locarno était à quai. Au bord des voies, il glana en passant d’innombrables et fugitives beautés. Après quelques respirations émues, les faubourgs de Locarno s’annonçaient déjà. Le car l’attendait sur le parvis de la gare. Au loin, le lac était piqueté de voiles blanches. Le souffle qui montait de ses eaux d’un bleu profond lui effleurait le visage avec tant de force qu’il se sentit comme suffoqué de bonheur. M. Faustini pressentait confusément que se cachait derrière le mot voyage, pour anodin qu’il fût, une succession sans fin d’impressions propres à vous soulever le cœur, et susceptibles de vous procurer des sensations fortes comme vous n’en aviez jamais connu encore. »

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