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Lectures
24 septembre 2022

Un jour d'octobre à Santiago

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« Un jour d’octobre à Santiago »

CASTILLO Carmen

(Verdier)

 

Le vieux Lecteur est incapable d’effacer de sa mémoire le souvenir du 11 septembre 1973. Incapable d’oublier et donc de considérer comme négligeable les crimes commis par la soldatesque chilienne pilotée par les « conseillers » yankees.

(Il est pathétique d’entendre la vieille baderne qui préside aujourd’hui les Etats-Unis d’Amérique s’indigner des crimes perpétrés par la soldatesque russe en Ukraine lorsque l’il fait l’addition de tous ceux qui furent le fait de la soldatesque américaine, d’Hiroshima et de Nagasaki au Viet Nam jusqu’à l’Irak et l’Afghanistan au cours des 80 années de l’existence de ce témoin que fut le vieux Lecteur…)

Allende. L’Union Populaire. Avec et pour lesquels travailla Carmen Castillo. Miguel Enriquez, son compagnon, et dirigeant du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire). Octobre 1974. Le jeune couple vit dans la clandestinité et participe à la résistance contre la dictature fasciste. Ils sont repérés et leur maison est encerclée par les tueurs à la solde de l’infâme Pinochet. Carmen Castillo, bien que blessée, parvient à s’en sortir.  Miguel Enriquez meurt les armes à la main. « Le sang de Miguel coule, lève des vagues douces sur la poussière. »

Carmen Castillo n’écrit pas l’Histoire. Elle va bien au-delà du seul témoignage dans ce bouquin dont les deux parties la racontent à treize années de distance. Le Coup d’Etat et les crimes de l’avant, l’exil français puis le bref retour au pays. Le vieux Lecteur a vibré à chaque détour de phrase, lors de chaque narration des moments les plus intenses de la tragédie qui vont bien au-delà des premiers mois de la dictature. L’attachement de Carmen Castillo à ce qui fut, Allende et Miguel Hernandez. Son déracinement lorsque l’opportunité lui est offerte de fuir la terre de ses ancêtre. Sa nouvelle vie, sans Miguel Hernandez, dans un pays si peu solidaire des chiliens exilés. Puis le court séjour, enfin autorisé, auprès du père et de la famille restée là-bas.

« Les militaires effacent nos mémoires et nourrissent nos insomnies, nos obsessions – tous les jours et toutes les nuits, les mêmes cadences de l’hier, les mêmes images du passé. Et notre mémoire devient pourriture, matière à honte, poubelle inavouable. Alors on se tait, on dissimule la folie, ce qu’on nomme ainsi par lâcheté ou pour aller plus vite, et un matin on finit par les croire, eux : cela n’a jamais existé, pur délire, maladie imaginaire. Mais non, Simon, tu as été emprisonné à Buenos Aires. Sergio connaît peut-être les détails… et je n’ose pas le déranger avec mes questions. A quoi bon, on ne sait pas : est-ce qu’ils t’ont torturé à José Domingo Canas ou à la villa Devoto ? Ou est-ce qu’ils t’ont gardé au secret ? Dans le sud du Chili, la Colonia Dignidad, ou le nord de l’Argentine ? Ce sont les nazis qui tiennent les camps dans les deux cas. Personne ne sait rien. »

Un jour d’octobre à Santiago. Les souffrances qui furent celles de Carmen Castillo se transfusent au vieux Lecteur qui était alors un jeune trentenaire. Mais qui n’a rien oublié de ce temps-là. Pas même le rictus de satisfaction que Georges Pompidou interviewé par la télévision française quelques jours après le Coup d’Etat ne dissimula même pas. La mémoire, oui, la mémoire…

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