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Lectures
11 juillet 2022

Un étranger nommé Picasso

Picasso

 

 

 

 

 

 

 

 

« Un étranger nommé Picasso »

COHEN-SOLAL Annie

(Fayard)

 

« Je viens de faire connaissance avec un suspect. Avec un « étranger » qui, en octobre 1900, arrive à Paris pour la première fois, avant d’être fiché, toute sa vie, par la police parisienne : rapports, interrogatoires, cartes de séjour, photos d’identité, empreintes digitales, quittances de loyer, certificats de domicile, demandes de naturalisation, sauf-conduit, enquêtes diverses, informations sur femme, fils, parents, amis, références de moralité, opinions politiques, adresses successives, correspondances où l’on retrouve préfets de police, mais également hommes politiques aussi haut placés que le ministre des Affaires étrangères ou le président du Conseil. A l’origine de ces documents, je n’ai repéré aucun crime, aucun délit, sauf celui de ne pas être français. Le timbre ESPAGNOL, en capitales, apposé sur certains textes, signale une différence, une exclusion, une suspicion, un stigmate. »

Le Lecteur s’est passionné pour cet ouvrage en tout point remarquable. Remarquable à ses yeux de quasi néophyte. Même si l’œuvre de Picasso est loin de lui être totalement inconnue. Une œuvre dont Annie Cohen-Solal retrace les phases successives qui constituent toutes des repères majeurs de l’art contemporain. D’autant plus que les travaux de Picasso débordent très largement du domaine de la seule peinture (et de ses annexes). Et que l’Historienne les restitue dans le contexte si particulier de ce siècle qui fut celui des révolutions esthétiques les plus radicales.

Mais le propos d’Annie Cohen-Solal ne s’est évidemment pas limité à la seule approche artistique. Son ouvrage si richement documenté décrit la face haïssable et donc irrecevable d’une France qui dans la continuité de l’affaire Dreyfus vit dans l’Etranger l’ennemi potentiel. Picasso portera jusqu’à sa mort les stigmates d’un rejet dont les grandes lignes s’esquissèrent dès son arrivée en France, soit donc au tout début du 20° siècle. Flics, magistrats, ministres s’en tiendront jusqu’au décès de l’Artiste au refus de lui accorder la nationalité française, alors que l’essentiel de son œuvre a été conçue en France et que Picasso occupa dès ses débuts une place d’exception dans la grande et belle Histoire de la création artistique universelle. La révélation de ce qu’il advient d’un pays dont les élites, à quelques exceptions près, s’acharnent depuis des lustres à éteindre les Lumières

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