Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures
13 juin 2022

L'enfant de la prochaine aurore

enfant

 

 

 

 

 

 

 

 

« L’enfant de la prochaine aurore »

ERDRICH Louise

(Albin Michel)

 

Les œuvres de Louise Erdrich fascinent le Lecteur, à travers chacun des romans qu’il a découverts au fil des vingt dernières années. Cette fascination persiste dans ce nouveau roman, L’enfant de la prochaine aurore. Mais elle se conjugue à une sourde angoisse, que génère une vision apocalyptique du monde en devenir, celle qui accompagne ce roman.

Comme souvent chez Louise Erdrich, le personnage principal – Cedar, une jeune femme enceinte - se situe dans une sorte d’équilibre instable entre deux univers. Celui des origines ancestrales, une tribu indienne, les Ojibwés, tribu à laquelle appartient la mère de Cedar. Celui de l’intégration, en l’occurrence un couple d’avocats appartenant à la bonne société américaine, une mère et un père d’adoption pour Cedar, l’une et l’autre « progressistes » et désireux d’offrir un avenir à l’image du rêve américain à celle dont elle et il ont fait leur enfant. Mais le monde qui s’en vient, celui qui déjà s’impose à eux, n’est plus en mesure de répondre à leurs attentes. Se révèlent déjà les premières conséquences du réchauffement climatique. Et l’Amérique d’autrefois, celle qui a porté Trump au pouvoir, se tourne vers un totalitarisme sournois. S’instaure, entre autres, un contrôle des grossesses, avec la volonté de ne garder que les sujets conformes aux exigences de l’idéologie dominante.

Cedar tente de se préserver, et donc de préserver l’enfant à naître. Cet enfant avec lequel elle entretient un dialogue permanent. Cet enfant qu’elle nourrit de sa culture première, à la façon qu’elle a hérité de sa mère, chaleureuse, tolérante, nimbée d’amour et de tendresse. Cet enfant qu’elle protège du mieux qu’elle le peut contre la violence qu’imposent les tenants de l’ordre nouveau.

Un beau roman de résistance. Même si le propos de Louise Erdrich ne laisse guère de doutes sur l’issue du combat. Un roman qui se conclut, afin de ne point engluer son Lecteur dans un désespoir sans issue, par une fabuleuse immersion dans ce que furent les hivers du temps de bien avant, assortis de tempêtes de neige, de frimas, de blizzars. Comme si ce monde  au seuil de l’agonie disposait encore des ressources qui lui permettraient de se prémunir contre la catastrophe finale.

Publicité
Publicité
Commentaires
Lectures
Publicité
Publicité