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19 janvier 2022

Antoine des Gommiers

antoine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Antoine des Gommiers »

TROUILLOT Lyonel

(Actes Sud)

 

Haïti. L’Ecrivain singulier qu’est Lyonel Trouillot. Cet Ecrivain que le vieux Lecteur continue à fréquenter depuis une première rencontre littéraire vieille d’une vingtaine d’années (Rue des Pas-Perdus). Pris de passion pour l’Île lointaine en proie à tant de souffrances. Des souffrances indicibles qui constituent la toile de fond de ce nouveau roman, Antoine des Gommiers. En premier lieu, celles qui affectent Franky et Ti Tony, les deux frères. Les deux garçons d’Antoinette, vendeuse des rues, mais qui nourrit au plus profond d’elle-même des rêves, ceux d’une grandeur passée qui se serait incarnée dans Antoine des Gommiers, le présumé grand-oncle de ces deux garçons. Le récit de Lyonel Trouillot entremêle donc un monde réel, cruel et impitoyable et le monde fantasmé par Antoinette. Le monde réel dans lequel survivent Franky et Ti Tony. Franky, le doux rêveur, le poète, l’amoureux du verbe, qu’un accident confine dans l’immobilité. Ti Tony, la débrouillardise incarnée, adossée à une capacité constante à résister aux violences que génère une société déliquescente, à se tenir debout face à la misère.

« Avec quoi, dans ce foutu merdier, pourrait-on créer du bonheur ? Franky, dans son corridor, sans bouger de sa chambre, il a donné une vie, un sens, un langage une aspiration à la Grand-Rue, aux corridors, à Doriane, à Danilo qui me manque, merde, tu me manques, colonne, à une belle femme « désencombrée », à une fillette qui s’est trompée en préférant la ville aux arbres, aux mères du corridor qui tapent sur les enfants, se trompant de colère et de cible, aux millions de mendiants de miracles qui cherchent une vie, parce que la leur c’est pas ce qu’on appelle une vie. Et parce que la vie, quand tu ne peux pas l’inventer en vrai, tu l’inventes quand même en rêve, en bleu, tu te fais une mer, un ciel, des amours qui ne sont pas une prison, des plaines avec des mangues-muscats, des sapotilles en veux-tu en voilà, des oiseaux dont les ailes te protègent, des sentiers qui donnent sur des lakous où personne n’en veut à personne, avec des gamines qui grimpent aux arbres, des adultes qui leur racontent des histoires. Et les gamines, elles corrigent les histoires des adultes, qui manquent parfois d’audace et d’imagination. Et la vie, si tu as un peu d’intelligence, tu te dis que si tu peux l’inventer en rêve tu pourras peut-être un jour l’inventer en vrai. »

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