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Lectures
15 novembre 2021

L'enfant parfaite

Lenfantparfaite-bande

 

 

 

 

 

 

 

 

« L’enfant parfaite »

BAMBERGER Vanessa

(Liana Levi)

 

La perfection. Celle vers laquelle tendent les enfants issus des milieux favorisés, poussés qu’ils le sont par leurs parents, lesquels nourrissent, c’est une certitude, de hautes ambitions pour leur progéniture. Ce qui est la cas de Roxane, une adolescente dont les parents sont certes séparés, mais qui tirent fierté des brillants résultats qui jalonnent le parcours scolaire de leur fille. Roxane vit avec sa mère, une altiste accaparée par ses activités artistiques, et qui donc ne dispose que de peu de temps pour accompagner, aider, assister, soutenir celle qui vient d’être admise en classe de première dans un lycée que fréquentent les futures élites de la nation. Le papa de Roxane, quant à lui, s’est installé à Sète, dans une coquette villa érigée sur le Mont Saint-Clair, un lieu prisé par les parisiens fortunés. Les résultats scolaires de Roxane, en cette année déterminante pour son avenir, ne sont pas à la hauteur des ambitions qu’elle est censée porter dans ses gènes. D’où d’inquiétants dérapages qu’aggravent une subite poussée acnéique traitée avec les techniques les plus pointues.

L’imperfection. Celle qui caractérise François, un médecin cardiologue, peu ou prou ami avec le papa de Roxane. François qui est convié chaque début d’année à fêter l’anniversaire du papa de Roxane, là-haut, sur le Mont Saint-Clair, d’où l’on contemple cette grève dont le sable est si fin. Mais François est d’abord et avant tout un toubib. Un toubib qui se refuse à toute complaisance. Sauf que l’amitié et les pressions réitérées peuvent conduire à l’abandon provisoire des grands principes (dont ceux que proclame le serment d’Hippocrate que Vanessa Bamberger fait intégralement figurer en ouverture à sa narration).

La dramaturgie s’esquisse. L’Auteure la construit afin d’entraîner son vieux Lecteur vers des territoires qui se précisent peu à peu. Dont lui, le vieux Lecteur, n’est pas tout-à-fait dupe. Mais à l’intérieur desquels il accepte d’occuper une modeste place, celle du voyeur. Le voyeur a vu. Il a vu l’adolescente en voie d’égarement, rendue à une solitude dont elle tente de se défaire auprès de ses géniteurs. Qui ne l’entendent pas ou qui l’entendant mal. Il a vu le toubib, dermatologue de son état, s’égarer lui dans les arcanes d’une profession dont tant d’actrices et d’acteurs n’ont pas lu ou ont très mal lu le serment d’Hippocrate. Un homme au bout du rouleau, qu’abandonnent ses proches. Un homme qui aurait préféré s’accomplir dans la musique plutôt que dans la médecine.

Le Lecteur ne tient pas ce roman pour œuvre négligeable. Bien au contraire. Mais il éprouve de plus en plus de mal à se voir imposée la fréquentation des couches sociales moyennement supérieures. Même lorsqu’il s’agit d’accompagner sur leur chemin de croix respectif des personnages aussi attachants que Roxane et François. Sa précédente rencontre avec Vanessa Bamberger dans l’Alto Braco lui avait procuré des instants d’un plaisir plus authentique, plus spontané, plus naturel, plus humainement à sa mesure.

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