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Lectures
1 novembre 2021

Le monde n'existe pas

humbert

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le monde n’existe pas »

HUMBERT Fabrice

(Gallimard)

 

La première partie du cheminement du Lecteur au sein de ce roman fut laborieuse. Sans doute en raison de sa méconnaissance de certaines des réalités américaines dont s’est nourri Fabrice Humbert pour la construction de son roman. Puis, au fil des pages, parce qu’il parvenait enfin à percevoir ce qu’étaient les objectifs de l’Ecrivain, il s’est laissé peu à peu « apprivoiser ». Les personnages lui sont devenus familiers. Il s’est résigné à vivre en leur compagnie. A commencer par Adam Vollmann, jeune journaliste au New Yorker, un quotidien plutôt tendance.

(Vollmann ? Le Lecteur doute que ce nom-là ait été choisi au hasard par Fabrice Humbert. Il existe en effet un « vrai » Vollmann, journaliste et écrivain – mais prénommé William - dont lui, le dit Lecteur, fit la rencontre voilà une bonne dizaine d’années lors de sa découverte d’un essai intitulé Pourquoi êtes-vous pauvres ? – ouvrage publié chez Actes Sud -.)

Donc Adam Vollmann. Qui reconnaît dans le fatras des images diffusées sur les écrans censés retenir l’attention des promeneurs le portrait d’un homme qui fut son presque ami. Une presque amitié du temps de l’adolescence, vieille d’environ vingt ans. Ethan Shaw. Ethan Shaw « offert » à la vindicte publique, étant accusé du viol puis du meurtre de Clara Montes, une jeune mexicaine. Adam Vollmann ne croit pas un seul instant à la culpabilité de celui que leur commun lycée portait alors aux nues. Il obtient de sa rédaction le droit d’enquêter sur cette affaire. Une enquête qui le conduit à effectuer un retour vers la petite ville où il avait fait la connaissance d’Ethan. Une enquête qui l’amène à découvrir ce que fut la construction d’une culpabilité d’autant plus plausible qu’Ethan Shaw a choisi de disparaître. Là où la vérité apparemment révélée s’élabore à travers la multiplicité des mensonges et des falsifications. Le roman de Fabrice Humbert se transforme alors en un plaidoyer contre les pratiques qui sont le lot commun des machineries qui manipulent les opinions publiques. 

« J’ai le sentiment que si chaque affaire est un fake, l’appréhension d’un simulacre généralisé est parfaitement juste, parce qu’elle correspond à la réalité que nous avons créée : celle d’un artefact hérissé d’émotions et de fictions. La puissance d’un monde fictif élaborant une fable pour complaire aux passions tristes d’une humanité pulsionnelle.

La conséquence en est que le complot est devenu une méthode de pensée, même sur des sites sérieux : l’empire du doute est sans limite et ronge les représentations les plus célèbres… »

Pour chaotique qu’ait été initialement son cheminement, Le lecteur ne regrette nullement cette nouvelle et passionnante rencontre avec Fabrice Humbert.

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