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23 août 2021

L'inconnu de la poste

aubenas

 

 

 

 

 

 

 

 

« L’inconnu de la poste »

AUBENAS Florence

(L’Olivier)

 

Montréal-la-Cluse. Pas très loin de Nantua. « Des années durant, la région a envié sa petite poste au village de Montréal-la-Cluse. N’importe où ailleurs, elle aurait déjà fermé. En ce temps de débâcle des services publics, la grande agence pourrait déjà sembler un luxe dans une bourgade de 3900 habitants. Voyez Nantua, de l’autre côté du lac : l’auguste capitale du Haut-Bugey n’est plus qu’une sous-préfecture sans sous-préfet, abritant une vague permanence administrative dans l’ancien couvent des Sœurs Augustines. L’hôpital, la maternité, les mutuelles sociales et agricoles ou le service des hypothèques, tout a été compressé, délocalisé, précarisé, fermé. Devant la gare, les trains passent mais ne s’arrêtent plus. Près de six cent emplois institutionnels ont disparu par vagues, en silence, un des plus grands plans sociaux de la région qui n’a jamais dit son nom… »

Voilà pour l’ambiance générale. Donc la chance pour Montréal-la-Cluse de toujours disposer d’un bureau de poste. Là où officie Catherine Burgod. Là où elle sera assassinée de vingt-huit coups de couteau. Un matin d’hiver, le 19 décembre 2008. S’ouvre aussitôt une enquête. Gendarmes. Magistrats. Notables, dont le père de l’assassinée. L’enquête patine, s’enlise. Des ragots. D’éventuels coupables. Dont ce jeune comédien, Gérald Thomassin. Qui avait, quelques années plus tôt, connu son heure de gloire, puisque personnage principal d’un film de Jacques Doillon, Le petit criminel. Puis qui s’est égaré. Alcool. Drogues. L’errance. Qui le conduisit jusqu’à Montréal-la-Cluse. Un coupable idéal. Qui ira jusqu’à s’affubler des oripeaux du tueur. Sauf que la vérité qu’il prétendit qlors assumer se tenait assez éloignée de la vérité officielle, celle des enquêteurs et des magistrats.

Florence Aubenas s’est essayée à démêler les fils de l’écheveau. Son enquête, celle d’une journaliste. Qui a rencontré la plupart des protagonistes de cette affaire, qui a écouté les témoignages, qui s’est immergée dans le fatras des mystères. En professionnelle consciencieuse. Thomassin assassin ? Florence Aubenas se défait des certitudes et laisse entendre ses doutes. La narration de l’enquête évolue. Elle s’extrait des limites ordinaires du reportage. Elle prend peu à peu les apparences d’autre chose, de ce qui pourrait être un roman. Avec cet art subtil qui consiste à proposer à son Lecteur un tableau tout en nuances de la société au sein de laquelle il vit. Tableau dans un recoin duquel n’en finit pas de mourir une postière. Tableau au centre duquel s’agitent de possibles coupables, mais aussi des notables ordinaires, des faiseurs d’opinions ainsi que flics et magistrats. Le tout ayant laissé accroire chez le Lecteur, le livre refermé, qu’il venait de rencontrer un passionnant objet littéraire.

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