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4 août 2021

Le champ

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« Le champ »

SEETHALER Robert

(Sabine Wespieser)

 

Une bourgade autrichienne. Paulstadt. Son cimetière appelé le Champ par les autochtones. Les habitants du Champ, celles et ceux qui y ont établi leur dernière demeure. Celles et ceux qui en quelques lignes ou en quelques pages font revivre, chacun leur tour, des instants de ce que fut leur existence. Des lambeaux de récits qui s’entremêlent, s’entrechoquent, se conjuguent parfois. Drôles et souvent même cocasses. Le curé qui met le feu à son église, entre autres. Subtilement cruels de temps à autre. Le portrait tout en nuances d’une société humaine qui a, en apparence, effacé les séquelles de la guerre et qui tire plus ou moins profit de la prospérité qui pousse la bourgade bien au-delà des confins du progrès. Un recueil de (fausses bonnes) nouvelles qui a de bout en bout tenu le Lecteur en éveil.

« CA SENT LES HOMMES. Leur haleine, leur salive, leur sueur, et tout ce qu’ils ont laissé dans la nuit. Les lits sont encore chauds, les couvertures en désordre. Les draps ont des taches humides. Certaines ressemblent à des îles, d’autres à des têtes. Je m’imagine leur position. Leur corps en sueur qui tente de se blottir dans ce nid après une journée pleine de défaites. Ils ont sillonné la région dans leurs souliers vernis avec leur valise à roulettes, ils se sont assis dans des couloirs, dans des pièces et des bistros à quatre sous, se sont postés à des arrêts de bus et des entrées de maisons, ils se sont hâtés, ils ont couru et parlé, parlé, obséquieux, souriants, aux aguets, toujours prêts à tout, juste pour pouvoir finalement se glisser dans un lit étranger tout froid. A présent viennent les rêves. Ce sont des rêves de puissance et de déclin, de conquête et de délitement, de gares et de buvettes, d’interminables rangées de bancs de bois vides et d’un bras de femme blanc qui pend à la fenêtre du train comme un lambeau d’étoffe ». (Louise Trattner)

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