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Lectures
31 mai 2021

Le bois

bois

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le bois »

BROUWERS Jeroen

(Gallimard)           

 

Etrange et déroutant roman. Qui prend parfois les apparences d’un roman historique tant il est vrai que l’Auteur prend le soin de situer son récit dans le temps. Nous avons également pu savoir qu’au début du mois dernier, Joseph Staline, l’antéchrist, l’incarnation humaine de Belzébuth, est mort. Nous. Des moines. Des franciscains. Nous n’avons pas eu à prier pour le salut de son âme. Cette messe-là est dite. Des moines. Un couvent. Mais aussi un collège et son pensionnat. Donc des enfants et des adolescents. Un cadre austère. Dans une région néerlandaise, frontalière de l’Allemagne, le Limbourg. Où les deux langues interfèrent, se mélangent, se juxtaposent, s’éclairent l’une l’autre.

Un seul narrateur, privé de son identité le jour où les franciscains en font l’un des leurs après qu’il eût enseigné au collège : frère Bonaventura. Face à lui, l’omnipotent, Mansuetus, le directeur. Dont Bonaventura ne tardera pas à découvrir les turpitudes. Les enfants sur lesquels Mansuetus jette son dévolu et qu’il contraint à devenir les objets non consentants de sa sexualité débridée. Le récit laisse alors entrevoir l’abomination, nimbée de cruauté et de sadisme, lesquels renvoient aux années sombres de la guerre et donc du nazisme. Lequel s’insinue partout et devient comme une référence obligée créant un parallèle inquiétant avec les pratiques auxquelles se livre celui qui incarne l’autorité religieuse et celles qui eurent cours quelques années auparavant.

Le roman est aussi celui d’un combat. Non pas celui qu’aurait dû mener, au nom ne serait-ce que de sa foi, frère Bonaventura. Mais celui de la femme dont il fit la rencontre dans la salle d’attente du dentiste de la bourgade proche du couvent. La femme qui s’éprit de lui, qui l’attira& vers elle. La tentatrice qui deviendra la libératrice. Charnellement, sexuellement mais aussi spirituellement. Puisque ce roman si sombre s’achève sur l’instant de l’émancipation.

Un peu trop ? De complaisance ? Peut-être. Il n’en reste pas moins que ce roman pose des questions que trop de belles consciences aujourd’hui encore éludent. Non seulement sur ce que l’Eglise vaticane fit mieux que tolérer et d’accepter en son sein. Mais aussi sur l’imprégnation de l’idéologie nazie bien au-delà de la fin de la Seconde guerre mondiale au sein de sociétés heureuses de n’avoir pas connu le désastre final. Et dont l’Eglise vaticane ne s’est jamais vraiment affranchie.

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