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Lectures
10 février 2021

La Maison allemande

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« La Maison allemande »

HESS Annette

(Actes Sud)

 

« Deutsches Haus ». Un restaurant à la bonne franquette, à Francfort-am-Main. Au début des années 60 de l’autre siècle. Soit donc une quinzaine d’années après la fin du nazisme. Un restaurant ordinaire tenu par un couple, lui (Ludwig) aux cuisines, elle (Edith) gérante, serveuse et femme à tout faire. Un appartement au-dessus de l’établissement. Leurs trois enfants. Annegret, l’ainée, la petite trentaine, infirmière dans le service pédiatrique d’un hôpital. Stefan, le petit dernier. Et Eva, la cadette, interprète. Eva, le personnage pivot de ce roman. Celui qui va servir de révélateur. Presque par hasard. Eva maîtrise assez bien la langue polonaise. Or, au moment où s’ouvre le récit débute à Francfort le second procès d’Auschwitz, celui des dignitaires nazis qui furent les principaux protagonistes des crimes perpétrés là-bas. Les magistrats, qui vont entendre des témoins polonais, ont besoin d’un ou une interprète. Eva sera celle-là. Une mission qui au-delà de son caractère officiel la confrontera bien vite à l’histoire de sa propre famille. Rares sont celles et ceux qui au sein de la société allemande de l’après guerre peuvent en effet se prétendre alors vierges de tout soupçon.

Voici un roman honorable, un roman qui aborde frontalement le passé nazi d’un pays qui peinait, lorsque s’ouvre le second procès, à mener à son terme la dénazification. (Le Lecteur a déjà relaté de manière succincte son bref séjour à Münster, lors d’échanges scolaires vers le milieu des années 50, dans la demeure d’une famille cossue, demeure où trônait dans le hall d’accueil un portait du père dans son uniforme d’officier de la Wehrmacht ou de la Waffen SS.) Un roman allemand qui plonge et s’immerge dans ce que l’histoire allemande a produit d’immonde, d’injustifiable, d’impardonnable. Or, une quinzaine d’années après la fin du nazisme, les accusés se tiennent dans une posture de négation des crimes qu’ils ont commis. Malgré les preuves qui les accablent. Forts du soutien tacite des nouveaux maîtres de la nouvelle Allemagne. Et comme confortés dans cette posture par le désir de ne pas remuer un passé si glauque, un refus qui est le lot commun du plus grand nombre.

Donc un roman utile. Peut-être mal fagoté ? (A moins que la traduction ne soit pas à la hauteur des ambitions de l’Auteure ?) Peut-être parasité, entre autres, par les récits annexes des amours contrariés des deux sœurs ? Mais un élément utile pour qui s’intéresse à ce temps déjà lointain de l’Histoire, un temps qui interfère avec certaines des plus angoissantes des problématiques contemporaines.

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