Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures
12 janvier 2021

Les Métèques

lachaud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Les Métèques »

LACHAUD Denis

(Actes Sud)

 

« J’ai accédé enfant à la connaissance de la tragédie juive dans l’Europe du XX° siècle, de la Shoah, cette somme de massacres systématiques, cette tentative d’anéantissement d’un peuple entier. Mais on m’a invité et on m’invite encore à regarder ailleurs quand il s’agit de percevoir la barbarie coloniale du monde chrétien blanc pris d’une fièvre dominatrice, depuis que ses bateaux ont quitté les ports avec la conquête de nouvelles terres comme objectif. Ni ma mère ni l’école ne m’ont enseigné l’ampleur de cette tragédie faite de massacres, de génocides, d’asservissement des peuples par la torture, d’appropriation des corps, d’envahissement des esprits ; ni ma mère qui m’a caché son origine arabo-musulmane et m’a irrémédiablement arraché à la succession des vies dessinant la trace de notre lignée, ni l’école de la République qui m’a élevé dans l’idée d’un humanisme propre à la France, pays des droits de l’homme, terre des Lumières… »

Une longue citation pour justifier l’attention et l’intérêt que le Lecteur a porté à ce roman, pour sa proximité « politique » avec l’Auteur. Un roman qui décrit ce qu’il advient de ce foutu pays qu’est la France, dotée de ses grands principes adossés à des valeurs prétendument universelles, armée de ses certitudes édifiées sur un socle au républicanisme pourtant chancelant.

L’histoire actuelle d’une famille installée à Marseille et qui vit selon les normes en vigueur. Rien ne paraît la différencier de la multitude des français dits moyens. Jusqu’au jour où le père, la mère et les trois enfants sont convoqués en Préfecture. A priori pour une démarche anodine : répondre de leurs origines. Tant il est vrai que les Herbet ne sont pas vraiment des Herbet. Ils ne le sont, de fait, qu’en raison d’un changement de patronyme, tant pour le père issu d’une famille d’origine juive que pour la mère issue, elle, d’une famille d’origine arabo-musulmane. Les événements vont alors s’enchainer crescendo. Une certaine France s’est réveillée. La France des barbaries. Lesquelles finiront par détruire la famille Herbet, comme elles détruiront tant d’autres familles de Métèques. Seul survivra Célestin, le fils ainé, engagé dans une fuite éperdue vers un pays dont il n’est pas sûr qu’il ne se soit pas, lui aussi, engagé dans une politique identitaire néo-fasciste.

« Les Métèques » offrent à voir le possible d’un pays qui porte en lui des « traditions » liées à son passé, à son Histoire. Englué dans un recommencement. Avec ses milichiens potentiels, ses nouveaux Laval, ses nouveaux Pétain. Avec cette attirance pour le pire du pire. Un roman qui vise à tenir en éveil les consciences. Sauf que, COVID19 oblige, les consciences se sont engourdies.

Publicité
Publicité
Commentaires
Lectures
Publicité
Publicité