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Lectures
9 octobre 2020

Il est des hommes qui se perdront toujours

rebecca

 

 

 

 

 

 

 

 

« Il est des hommes qui se perdront toujours »

LIGHIERI Rebecca

(P.O.L.)

 

Au gré de quoi évoluent-elles? Leurs fantaisies ? Leurs humeurs ? Le Lecteur préfère ne pas savoir. Sauf qu’il fréquente deux auteures, Rebecca et Emmanuelle (Lighieri et Bayamack-Tam) et qu’il lui advient parfois de se reprocher ces fréquentations. Ou tout au moins de les mal vivre, de s’installer dans des romans qui ne lui conviennent pas. En particulier du côté d’Emmanuelle, à ce jour beaucoup plus prolifique que Rebecca. Comme quoi cette dualité assumée est susceptible de provoquer des réactions contradictoires, voire même antagoniques.

Le Lecteur a aimé le roman que vient de lui confier Rebecca. Quelques heures passées à Marseille, quelques heures durant lesquelles il a écouté le récit murmuré par Karel des vies entrecroisées au sein de ce qui, vu de l’extérieur, a les apparences d’une famille. Karel, l’ainé. Puis Hendricka, la « petite » sœur » et enfin Mohand, le puiné. Tous issus d’une mère kabyle et d’un père belge. Un père violent, une mère inerte. L’extrême pauvreté, celle qui se concentre dans les quartiers nord de Marseille. L’adolescence vécue dans le mitan des années 90 du siècle qui vient de s’achever. La débrouille. Le combat quotidien pour tenter de s’en sortir, de s’inventer une vie meilleure. Combat victorieux pour Hendricka. A l’issue incertaine pour les deux garçons. Qui assument, chacun à sa façon, la haine qu’ils vouent à l’encontre de leur géniteur. Jusqu’à leur irruption dans le nouveau siècle. Les comptes qui se règlent dans ce qui prend parfois les apparences de l’apocalypse. Le pire qui ne survient jamais. Le souffle de la vie et les élans chaotiques.

Alors oui, il est des hommes qui perdront toujours. Mais pas au point d’atteindre à l’anéantissement. «Plus loin encore, dans une légère brume dorée, la ville s’étend, chapeautée par Notre-Dame de la Garde, qui a toujours veillé sur d’autres que nous. J’habite Marseille depuis vingt-trois ans, mais je n’y ai jamais mis les pieds. J’ai dû sentir qu’il serait vain d’y faire brûler quelque cierge que ce soit et d’attendre de la Bonne Mère qu’elle me sauve du naufrage. »

La musique de la langue de Karel (qui est celle que lui destine Rebecca et dont il use à la perfection) colore de récit dont les vibrations font naître bien plus que des émotions. Elle reflète les souffrances, le mal vivre, mais aussi ces fragments épars de ce qui pourrait bien ressembler à de l’espoir. Dans le cœur du vieux Lecteur, Rebecca a pris le pas sur Emmanuelle.

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Commentaires
B
Bjr, ça donne envie de le lire ....
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