Le coeur de l'Angleterre

« Le cœur de l’Angleterre »

COE Jonathan

(Gallimard)

Le Brexit.  Vécu par les couches moyennement supérieures de l’Angleterre au cœur de laquelle Jonathan Coe prétend immerger celui qui est devenu au fil des près de 550 pages du roman « son » Lecteur. La lente, l’inexorable dégradation d’un climat non seulement politique, mais aussi social et culturel. Du moins tel que le décrit l’Auteur. « A présent tout tournait autour de l’immigration, du contrôle des frontières. Le ton aussi avait changé, on y entendait plus d’amertume, d’implication personnelle, de rancœur. Une moitié du pays semblait être devenue farouchement hostile à l’autre. »

C’est là où se situe le talon d’Achille de cette œuvre : l’Angleterre n’y est observée que dans les évolutions respectives de quelques personnages émanant de ces couches sociales moyennement supérieures. Des intellectuels pour la plupart d’entre eux. Moqués parfois par Jonathan Coe. Mais qui sont les seuls à disposer, en quelque sorte, du droit d’exister. C’est donc un morceau d’Angleterre que l’Ecrivain installe sur le devant de la scène, un morceau auquel il confère le privilège d’être « l’opinion ». L’opinion prétendument publique, opposée à la rupture avec l’Europe.

Le roman est certes agréable à lire. Il fait parfois naître des sourires. Mais il n’a pas généré l’adhésion du Lecteur. Tellement dans l’air du temps, si peu curieux, mais si prompt à satisfaire les esprits bien-pensants ! Un produit normalisé, en somme.