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Lectures
16 décembre 2019

Corse: de quoi la mafia est-elle le nom?

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« Corse : de quoi la mafia est-elle le nom ? »

SANGUINETTI Sampiero

(Albiana)

 

Une analyse pertinente, donc nécessaire. Pour qui n’a pas envie de ressasser les lieux communs et les idées toutes faites dès lors qu’il est question de la Corse et de la prétendue mafia qui règnerait sur une Île à la dérive. Cette Île que le Lecteur fréquente depuis plus de trente ans, fidèle à la Balagne dont il observe les évolutions depuis le microcosme qui lui constitue comme un cadre familier.

L’usage du mot « mafia » pour caractériser ce que devient la Corse, cet usage banalisé l’a toujours dérangé. Sampiero Sanguinetti éclaire sa lanterne dans son opuscule tout en mesure (tout autant que l’auteur ne concède rien aux idéologies qui s’insinuent de manière insidieuse dans les discours officiels).

Sampiero Sanguinetti fut journaliste. Au sens noble de la fonction. Son étude s’en va donc fouiller dans les tréfonds obscurs censés mettre en exergue l’existence d’une mafia corse qui amalgamerait (ou aurait amalgamé) tout et son contraire : « Le FNLC, la Brise de mer, Le Petit Bar, Jean-Jé Colonna, les casinos, Francisci, Tomi, Squarcini, Charles Pasqua, les ambiguïtés de l’Etat… » En omettant, chez ceux (magistrats, policiers, journalistes…) qui dénoncent l’existence d’une telle mafia,  de définir le mot, de lui donner du sens à travers, entre autres, les exemples italiens. Une omission qui débouche dans leurs propos sur des raccourcis et autorise un travestissement de la réalité. Lequel travestissement sert, de fait, d’alibi à la machinerie étatique pour mettre en place des pratiques judiciaires fort peu démocratiques et à bloquer tout processus d’évolution vers des formes décentralisées de la gestion des affaires de l’Île. (« Selon Bernard Legras, je l’ai dit, société corse, grand banditisme et mafia ne feraient qu’un. Cette île serait donc condamnée à ne pouvoir ni s’administrer ni se gouverner, ni être administrée ni être gouvernée. »

Cet ouvrage survient au moment où une partie de la société corse, alors que se multiplient à nouveau crimes et attentats, s’est déterminée à agir sous la bannière anti-mafia. Reste cependant la question centrale, la question fondamentale que pose le livre de Sampiero Sanguinetti. A savoir celle de l’existence avérée d’une telle organisation. Ce que l’Auteur fait mieux que nier, dont il démontrer qu’elle n’est qu’un leurre destiné à justifier la mise en œuvre par la machinerie étatique de mesures d’exception non conformes aux règles qui prévalent dans un état de droit. A ce titre, cet ouvrage va bien au-delà de la seule problématique corse : il constitue une mise en garde contre les tentations totalitaires auxquelles sont susceptibles de se laisser aller des pouvoirs dits démocratiques.

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