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20 mars 2019

Là où les chiens aboient par la queue

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« Là où les chiens aboient par la queue »

BULLE Estelle-Sarah

(Liana Levi)

 

L’histoire d’une famille guadeloupéenne. De l’Île à la Métropole. Une fratrie : deux filles, Antoine et Lucinde, et un garçon, Petit-Frère. Une famille, les Ezechiel. Et, dans l’ombre, la Narratrice, celle qui collecte les souvenirs auprès de chacun des membres du trio, la nièce, née en région parisienne mais qui fréquente assidument la terre de ses aïeux.

Une histoire attachante. Celle des descendants des esclaves dans leurs relations avec leurs exploiteurs. Aux conditions de vie précaires. Les bouleversements sociaux et économiques qui affectent l’Île dès le début des années 60 de l’autre siècle. Le chômage et donc le transfert vers la Métropole d’hommes et de femmes, jeunes pour la plupart, attirés par le mirage d’un mieux vivre la modernité. Soit donc les grands ensembles des banlieues, l’automobile et le téléviseur. Lucinde et Petit-Frère seront les premiers à effectuer le saut vers l’inconnu. Antoine les rejoindra lorsqu’elle se confrontera à Pointe-à-Pitre, au risque de la déchéance, laissant là-bas le vieux père (Hilaire) poursuivant, lui, ses modestes activités agricoles.

« J’avais mes propres souvenirs. Toutes mes vacances passées dans l’île. Hilaire, aux gestes immémoriaux, calme, installé dans la quiétude des jours de Morne-Galant. Les années passaient sans qu’il change quoi que ce soit à ses façons. L’amarrage des bœufs le matin, le travail de la terre l’après-midi. Le temps déposait délicatement dans sa case des signes de l’évolution du monde : une grosse télévision, un ventilateur aux pales dorées. Ces objets demeuraient en lisière de son existence. »

Sans coups de gueule, avec une grande retenue, ce roman-ci fait vivre une lointaine société d’exilés. Des français. A priori. Mais sans aucun doute des « un peu moins » que des français métropolitains. Qui portent et préservent une histoire singulière. Laquelle histoire porte accusation contre l’histoire coloniale et esclavagiste du pays qui se donne l’illusion de les intégrer.

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