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Lectures
9 janvier 2019

Les cigognes sont immortelles

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« Les cigognes sont immortelles »

MABANCKOU Alain

(Seuil)

 

Des événements tragiques vus, observés, décortiqués par Michel, un collégien sur lequel veillent ses parents Papa Roger et maman Pauline. Le Congo des lendemains de la décolonisation. La présidence de Marien Ngouabi. Un état « socialiste » soutenu, assisté par l’URSS. Où la radio diffuse de la musique soviétique. Où les plus prometteurs des enfants sont enrôlés chez les pionniers. Où le culte du leader est poussé juqu’à son paroxysme. Sauf que le 18 mars 1977, Marien Ngouabi est assassiné par ses pairs. Et ce sont les jours qui suivent ce coup d’état que narre Michel. Une narration quasi drolatique.  Comme toujours dans les romans d’Alain Mabanckou une façon si particulière de prendre des distances à l’égard de l’histoire officielle. Une réécriture en quelque sorte. Exubérante. Mais qui se transforme en une satyre féroce non pas tant de ce Congo d’alors en voie d’émancipation que de ceux qui, dans l’ombre, tiraient (et tirent encore) les ficelles.

« Leur président de cette époque-là, le général De Gaulle, avait envoyé un monsieur qu’on surnommait « le sorcier blanc ». Ce monsieur, je ne me souviens plus son nom, c’est quelqu’un qui ne parle pas beaucoup et qui connaît tellement les secrets de notre continent qu’on se demande qui sont les traîtres qui lui donnent les informations et combien il les paye pour savoir ça. La plupart des présidents noirs doivent discuter avec « le sorcier blanc » pour que la France soit contente. C’est ce monsieur qui décide qui sera le président de la République de tel ou tel pays que la France a colonisé. Et si un de ces présidents que la France a mis au pouvoir critique trop fort les Français à l’ONU, là où on sépare les bagarres entre les pays en colère, « le sorcier blanc » se fâche, et le lendemain le vantard africain ne sera plus président de la République, il se retrouvera en prison si on ne l’a pas tué pendant un coup d’Etat préparé en catimini depuis la France avec d’autres Africains qui ne comprennent pas qu’ils donnent la chicotte pour qu’on les fouette dans le dos et qu’on continue à piquer leurs richesses à minuit quand les gens sont déjà au lit pour rêver des choses plus importantes que ce pétrole qui nous cause chaque fois des problèmes en pagaille. »

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