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Lectures
7 janvier 2019

Le monarque des ombres

9782330109196

 

 

« Le monarque des ombres »

CERCAS Javier

(Actes Sud)

 

La Guerre d’Espagne. Une constante dans l’œuvre de Javier Cercas, une œuvre que le Lecteur fréquente depuis la publication d’un premier roman,  « Les soldats de Salamine ».

La Guerre d’Espagne. La mort sur le front de l’Ebre, en 1938, de Manuel Mena. A peine vingt ans et sous-lieutenant au sein de la soldatesque franquiste. Membre de la Phalange. Et, surtout, l’oncle (maternel) de Javier Cercas. Un jeune homme dont subsistait une photographie. L’unique reflet de celui qui, a priori, se sacrifia pour une cause peu recommandable. Celui qu’au sein de la famille les plus âgés gardent le souvenir. Mais dont il est malséant de se réclamer.

Javier Cercas narre son cheminement. D’abord réticent à se lancer dans la quête des traces laissées par le jeune Phalangiste. Puis se convaincant peu à peu de la nécessité de comprendre le pourquoi de l’engagement politique (avant que d’être militaire). Donc une quête auprès de celles et ceux qui l’avaient rencontré, de celles et ceux qui vécurent les terribles et sanglantes années de la Guerre civile.

Est-on vraiment sérieux lorsque l’on a à peine plus de dix-sept ans ? Javier Cercas ne pose pas la question sur un mode rimbaldien. Mais dans sa longue et passionnée investigation, elle est tout de même sous-jacente. Non pour dédouaner et absoudre. Mais pour éclairer. Parce que cela fut. Et que dans les temps actuels des formes nouvelles d’engagement présentent quelques analogies avec celles qui prévalurent durant la Guerre d’Espagne. (Cela, c’est le Lecteur qui l’introduit dans sa réflexion.)

« Le monarque des ombres » est sans aucun doute le roman de Javier Cercas dont il s’est senti le plus proche, qui l’a le mieux concerné. Sans doute en raison du fait que cette Guerre-là appartient à son imaginaire. Mais pas seulement. Les éclairages particuliers qu’apporte Javier Cercas ont élargi son horizon.

« … la Phalange était un parti qui, avec sa vocation antisystème, son prestige exaltant de nouveauté absolue, son irrésistible aura de semi-clandestinité, son refus de la distinction traditionnelle entre droite et gauche, sa proposition d’une synthèse qui dépasserait les deux, son impeccable chaos idéologique, son pari simultané et impossible sur la nationalisme patriotique et la révolution égalitaire et sa démagogie captivante, semblait être fait sur mesure pour séduire un étudiant fraîchement sorti de son village qui, à seize ans à peine, rêverait à l’occasion de ce moment historique décisif d’asséner un coup brutal et libérateur à la peur et à la pauvreté qui tourmentaient sa famille, et à la faim, l’humiliation et l’injustice qu’il voyait quotidiennement dans les rues de son enfance et son adolescence, et cela sans compromettre l’ordre social, lui permettant qui plus est de s’identifier à l’élitisme aristocratique de José Antonio, marquis d’Estella. »

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