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Lectures
16 novembre 2018

Deux mètres dix

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« Deux mètres dix »

HATZFELD Jean

(Gallimard)

 

L’affrontement de deux mondes, au début des années 80 de l’autre siècle. En des temps où l’on parlait encore de guerre froide. Deux colosses alors prêts à en découdre. Deux colosses qui s’affrontaient dans les enceintes sportives, lors de championnats du monde et de jeux olympiques. Les USA et l’URSS.

Jean Hatzfeld fait revivre dans « Deux mètres dix » deux moments de cette guerre sportive. Deux moments des absences de l’une puis de l’autre des deux puissances. Les américains lors des jeux olympiques de Moscou en 1980. Les soviétiques lors des jeux olympiques de Los Angeles quatre ans plus tard. L’ancien journaliste de Libé (qui fut l’instigateur des pages « Sports » dans le quotidien) met face à face quatre athlètes de très haut niveau : deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles (poids lourds, la catégorie reine).  Quatre athlètes conduits à se surpasser pour la gloire de leurs pays respectifs. Dans des affrontements à distance, lorsque les boycotts les y obligent. Dans des affrontements directs, lorsque le contexte le permet.  Deux femmes et deux hommes pris au piège de l’hystérie guerrière. Dont les deux soviétiques, tous deux Kirghizes. Des destinées contrariées, des vies broyées, qu’ont cependant transcendées, l’accomplissement d’un geste d’une densité et d’une beauté hors du commun.

Puis viendra le temps des rapprochements. Celui de l’haltérophile américain parti à la quête des traces laissées par son homologue kirghize (dont tout laisse supposer qu’il fut « éliminé » par le KGB au lendemain de son triomphe moscovite en 1980). Celui qu’opère, parce qu’elle y fut conviée par l’ancienne sauteuse kirghize, la sauteuse américaine, devenue alcoolique et consommatrice de produits illicites et qui s’installera sur les hautes terres où elle s’initiera, en compagnie de son ancienne rivale, à l’élevage des brebis. Pour ce qui prend toutes les apparences d’une rédemption

Jean Hatzfeld réussit avec ce roman un tour de force qui a enthousiasmé le Lecteur : faire revivre un temps révolu par le truchement de la fiction.

« Un jour, en grande discussion avec un reporter du New York Times au sujet des traumatismes des champions vétérans, il se surprit à expliquer sans retenue les pilules rondes, les allongées ; les stéroïdes destinés à supporter plus de charge à l’entraînement, les amphétamines avalées dans un instant de panique avant de grimper sur le plateau de la fonte. Il raconta les vertiges, le tambourinement des tempes, les nuits d’impuissance sexuelle, les consolations de son épouse. Il en rit rétrospectivement, se cantonna à sa courte expérience, se surprit de n’éprouver ni gêne ni soulagement à s’ouvrir spontanément au journaliste sur une zone un peu grise de carrière. »

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