Berlin on/off

« Berlin On/Off »

SYRAC Julien

(Quidam)

Trois récits, trois nouvelles, en quelque sorte. Une unité de lieu : Berlin. Un personnage unique : un français exilé et qui s’essaie, dans la capitale allemande, de se trouver une modeste place dans le monde des arts. La poésie dans le premier récit. Modèle dans une école des beaux arts dans le second. Sculpteur dans le troisième.

C’est dans ce dernier que le Lecteur s’est senti le plus à l’aise. Celui qui lui a permis de retrouver le jeune Ecrivain dont il avait plutôt apprécié le premier roman, « La Halle » (Editions la Différence). Le jeune français travaille pour le compte d’un vieux sculpteur, russe d’origine, qui avait fui autrefois le pays du socialisme réel. Les deux hommes se confrontent au monde qui change, qui a déjà changé. Le monde artistique. Tributaire de l’autre monde, le monde global. Celui au sein duquel ils se dépatouillent pour survivre et pour préserver ce qu’ils croient être leur liberté de créateurs.

« … une flaque d’eau avait remporté le concours. Une antisculpture, un trou de deux mètres dans le sol, avec filet d’eau au fond. Pour refléter le ciel et l’immeuble de la Deutsche Bank, j’imagine. Qui peut-être crise financière oblige, n’avait pas le budget pour financer autre chose qu’un trou dans le dallage de son parvis. Non, Youri n’a pas compris…Youri ne veut pas accepter que le forgeron anarchiste, Héphaïstos à iroquoise qui boit la bière au goulot sur fond de Kraftwerk… ne fait plus fantasmer personne. Youri n’a pas compris les matériaux de synthèse, la découpe laser, le design scandinave, le minimalisme épuré, la mise en abysse, les galeristes à lunettes rondes, la métrosexualité, la postmodernité, les thés détox… Youri n’a rien compris au monde dans lequel il vit… »