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Lectures
3 novembre 2018

Les Thibault (Tome 3)

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« Les Thibault »

Tome III

MARTIN DU GARD Roger

(Folio)

 

Enthousiasme intact (voir notes précédentes). Une œuvre littéraire monumentale. Ce troisième tome est consacré à la déflagration puis à la guerre. Les lâchetés, les renoncements dans le camp de la paix. L’exaltation des nationalismes. Antoine et Jacques, les deux fils Thibault, évoluent selon leurs enracinements. Antoine, homme de devoir et d’une certaine forme de fidélité, gagne le front en temps que médecin militaire. Jacques poursuit, en Suisse, son engagement sans concession pour la cause de la paix. Jusqu’à en mourir. Gazé, Antoine chemine vers la mort. C’est avec son journal, sobre et pathétique, que se termine le roman. Les Thibault disparaissent. Ne subsistera de la lignée que l’enfant de Jenny et Jacques, un enfant qui ne portera pas le nom de ses ancêtres paternels.

A quelques semaines de commémorations qui verront les si médiocres « Grands » de ce monde se mettre en scène sur les lieux où furent massacrés des millions de jeunes hommes, mieux vaudrait lire et relire Roger Martin du Gard, mais aussi Giono (« Le grand troupeau »), Barbusse ou bien encore Remarque, plutôt que de sa gaver des discours lénifiants et mensongers.

« Jacques, le cœur chaviré, se détourna. Et il se mit à errer de droite et de gauche, sans but, s’éloignant puis se rapprochant de la place. Malgré lui, il revenait toujours à ce lieu pathétique, où tant d’êtres suppliciés venaient, ce matin, comme à un rendez-vous fatal, rompre leurs amarres humaines. Dans ces yeux de douleur et de courage, il quêtait un regard qui répondit au sien ; un regard, un seul, où il pût lire, sous la détresse, un reflet de cette sourde fureur qui le faisait serrer les poings dans ses poches, et trembler de colère impuissante ! Mais non ! Partout, sur tous ces visages diversement contractés, le même découragement, la même souffrance stérile ! Parfois, une lueur d’héroïsme aveugle ; mais partout, la même soumission au sacrifice, la même trahison inconsciente ou timide, la même abdication ! Et il lui semblait que, en ce moment, tout ce qui restait de liberté dans le monde n’avait plus de refuge qu’en lui. »

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