Evangelia
« Evangelia »
TOSCANA David
(Zulma)
Savoureux. Désopilant. Les textes dits sacrés revisités par un Ecrivain mexicain. Iconoclaste. Qui remet les Evangiles cul par-dessus tête. Marie accouche d’Emmanuelle et non de ce Jésus annoncé par l’archange Gabriel. Dieu, du haut des cieux, fait la gueule. Tout s’accélère et s’emballe. L’Histoire ne s’écrit pas selon ce qu’avaient annoncé les Prophètes. L’Histoire balbutie, l’Histoire bégaie et Dieu, l’Esprit Saint, Jésus qui, en quelque sorte, est resté là-haut, toute la kyrielle des Anges et des Séraphins, ce beau monde-là s’avère incapable de reprendre la situation en main. D’autant moins que sur terre, Emmanuelle y met du sien et accomplit miracles et prouesses qui, logiquement, ne sont pas de son ressort.
Le Lecteur, lui, en reste baba.
« L'acte fut consommé sans désir et s’avéra si peu délectable que, même armé de sa gnose divine, le Seigneur se demanda pourquoi les hommes perdaient la tête et allaient jusqu’à tuer pour cela. « Je ne suis pas un homme, dit-il en haussant les épaules, beaucoup de ce qui est humain m’est étranger. » Et c’était là une grande vérité. Dieu ne savait pas ce que c’est que d’avoir faim, des ampoules au pied, le dos qui gratte, une crampe d’estomac, les yeux qui piquent, le nez bouché, chaud ou froid, une cuite et la gueule de bois, la diarrhée ou des caries, une insomnie, un ongle incarné, un torticolis, la lèpre ou des douleurs post-circoncision, pas plus qu’Il ne connaissait la peur, le désir charnel, l’envie de voler ou le remords. Ce qu’il avait de commun avec les humains se résumait à certaines passions telles que la soif de vengeance, la démagogie, la jalousie et l’égoïsme. Surtout l’égoïsme. Voilà pourquoi le premier commandement était le plus important. Il le respectait à la lettre, s’aimant lui-même par-dessus tout depuis le commencement des temps. »