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Lectures
28 septembre 2018

Un oeil en moins

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« Un œil en moins »

QUINTANE Nathalie

(P.O.L.)

 

« (La parole politique) est pauvre, bête, désespérante, et elle flotte parce qu’elle a été dépouillée de tout ce qui ne vise pas à la communication et à ses rectifications au cas par cas. Elle ne s’arrime à rien d’autre qu’à une efficacité immédiate, aussitôt remplacée par l’efficacité suivante et à des problèmes techniques. »

Un livre éminemment « politique » qui a ravi et enthousiasmé le Lecteur. Des « Nuits Debout » à « l’accueil » des exilés dont personne ne veut même si de « braves » gens feignent l’humanisme et donc le recours à une générosité factice. D’une préfecture bas-alpine au Brésil et à la Norvège. Un entremêlement réjouissant d’observations, tant il vaut mieux se réjouir que de s’engluer dans un pessimisme qui conduit à l’inertie et au renoncement. Un intérêt constant pour ce qu’il advient de la Cité et la place qu’y occupent celles et ceux qui sont encore affublés du nom de « citoyens ».

Un regard qui englobe au gré des voyages de Nathalie Quintane. « Les Norvégiens ne voient pas que l’Europe s’est mise en marche vers le fascisme, ou disons, une forme de fascisme, ou disons, sous l’aspect d’un autoritarisme amateur et encore maladroit, qui enferme les étrangers dans des camps, les laisse pourrir dans des conditions d’hygiène dangereuses, prolonge l’état d’urgence pour des matchs de football et le Tour de France cycliste, fait monter les périls en pensant ne faire monter que la sauce électorale.

Il faut contrer ça. »

Point de faux semblants. Point de soumission à l’ordre idéologique dominant. Nathalie Quintane parle vrai. Du moins selon les goûts du regard et de l’oreille du vieux Lecteur. Y compris lorsqu’elle décortique les propos et les comportements de ceux avec lesquels elle se ressent de possibles affinités. Qui sont semblables à ceux que croise de temps à autre ce vieux Lecteur.

« La timidité n’est pas un sentiment politique mais le courage oui ? Selon quelle loi ? Qu’est-ce qui nous rend timides et nous fait ridicules, politiquement ? Et qu’est-ce que ce courage, dont on a besoin, si ce n’est l’accomplissement du ridicule, la radicalisation de la timidité ?

A plusieurs reprises, dernièrement, on a eu des histoires de costards, des histoires de chemises et de costards face à des tee-shirts de pauvres ou de moyens, vus comme minables par les costards, issus d’écoles où si tu n’es pas en costard, tu es un crevard.

Le ridicule est un sentiment de classe, ici, et quand la timidité s’accomplit, la chemise est déchirée, puis le pantalon.

Sans pantalon, on va pouvoir commencer à causer sérieusement sentiments politiques.’

Donc la nécessité du regard. Ouvert. Sur tout ce qui se commet en notre nom, puisque l’Etat, c’est nous. Dénoncer. Prendre parti. Soutenir, assister les damnés de la terre. Ce livre bruit de fureur. D’une fureur sincère bien plus tonitruante que l’indignation, fusse-t-elle celle d’un noble vieillard. Un livre nécessaire, dont le vieux Lecteur estime qu’il survient au bon moment. Pour peu que des femmes et des hommes de bonne volonté veuillent bien s’en emparer.

« Ce qui gêne, c’est que les réfugiés soient vus.

Il faut cacher les personnes derrière quelque chose ou dans quelque chose, comme ça, elles n’existent pas – vous connaissez l’histoire de la bobine du petit enfant : il l’envoie sous un meuble, hop, elle n(‘existe pas.

Il s’agit d’envoyer très fort les réfugiés sous un meuble.

Un grand meuble, s’ils sont beaucoup.

L’Europe n’est pas un buffet gigantesque mais un tout petit continent qui craint la pénétration.

L’Afrique est une armoire géante située à notre sud. »

 

NB/Le Lecteur aime l'austérité du lieu de travail de Nathalie Quintane tel que la Jofrinette le restitua voilà quelques semaines: 

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