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Lectures
4 juillet 2018

La danse de l'araignée

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« La danse de l’araignée »

ALCOBA Laura

(Gallimard)

 

Derrière l’apparente légèreté, au-delà de ce qui prend les apparences de la distanciation, voilà un roman qui traite de sujets douloureux. Mais parce qu’ils sont à ce point douloureux, l’Auteure se prémunit de l’usage du pathos. C’est du moins ce qu’a ressenti le Lecteur.

Une jeune fille, la Narratrice raconte son installation à Bagnolet, à la périphérie de la ville capitale. Au tout début des années 80. Un minuscule appartement où elle vit en compagnie de sa mère et d’une amie de cette dernière. Le collège qu’elle fréquente, collège qui fut étrangement baptisé « Travail ». Les nombreux courriers qu’elle échange avec son père. Son père qui est toujours interné dans une prison, en Argentine. La dictature que la Narratrice n’évoque pas, mais qui est omniprésente (peut-être en raison du fait que le Lecteur garde en mémoire ces temps déjà lointains de l’infamie).

Durant quelques mois, dans leur correspondance, le père et la fille vont longuement échanger sur l’histoire d’une araignée apprivoisée. Une mygale. Enfermée dans une cage. Dont elle sort de temps à autre afin de succomber aux caresses de son propriétaire.

Et puis donc l’adaptation progressive à la vie française. Avec, et pour la Narratrice, la rencontre d’autres exilées, venant d’autres ailleurs. Une vie sans heurts. En se contentant du peu qu’autorisent les ressources des deux adultes. Le soir de la victoire de Mitterrand en 1981, observée sur l’écran d’un petit téléviseur. Une victoire applaudie. Sans illusion. De courtes vacances espagnoles, avec l’envie de retrouver la langue maternelle, envie contrariée puisque, tourisme oblige, la langue d’usage est l’anglais.

La découverte de la langue allemande (en première langue !). Au Collège. Comme un gage de la réussite à venir, de l’enracinement dans la société d’accueil. Langue étrange que l’allemand : « Pour dire la fille, on dit das Mädchen, c’est comme ça. Das Mädchen, c’est un neutre. »

Et puis enfin, l’annonce de l’improbable : la libération du père. Une libération conditionnelle. Sa fuite vers le Brésil. Puis son arrivée en France. « C’est étrange de voir mon père après tout ce temps. Je ne saurais pas dire d’il a changé, lui. En fait, j’ai l’impression de le voir pour la première fois… »

Un roman auquel le Lecteur fut très sensible. A cause de l’Argentine et de la dictature militaire. Avec le souvenir collé à ses basques de celles et ceux qui furent torturés, assassinés, embastillés. C’est aussi cela la Littérature.

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