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Lectures
20 juin 2018

La tour abolie

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« La tour abolie »

MORDILLAT Gérard

(Albin Michel)

 

Sans doute pas  le « meilleur » Mordillat. Mais tout de même un roman attachant. Un roman qui décrit avec une férocité réjouissante  les travers et les tares des Puissants. Dans la tour en voie d’abolissement prospèrent les élites, les gestionnaires zélés d’une compagnie d’assurance. Rien ne droit entraver la marche en avant vers la réalisation des profits dont se gavent les actionnaires. Des guerres intestines féroces. Sous les apparences du savoir-vivre et de la civilité. Et puis, dans les sous-sols, les damnés de la terre, les pas ressemblants, les venus d’ailleurs, les exilés. Qui eux aussi sont en guerre. Entre eux plus que contre ceux qui les exploitent et les oppriment. Jusqu’au jour où se produit l’incroyable, l’inimaginable : l’occupation du self des Assureurs par les quelques salariés qui en sont les petites mains. Quand, au fil des événements, se nouent d’étranges solidarités qui se révèlent pour ce qu’elles sont, des solidarités de classe.

Mordillat est une sorte de compromis contemporain entre ce que furent Balzac et Zola. Il aide à voir, à comprendre ; il appelle un chat un chat. Chez lui, les capitalistes sont des capitalistes, et leurs valets des valets. Si sa tour tangue parfois avant d’être abolie, elle n’est après tout qu’un symbole crédible de la société actuelle : violence, brutalité, rapacité, égoïsme, manipulations, mensonges, falsifications. Donc un roman plus que fréquentable : recommandable. Un roman dans lequel le Lecteur s’attacha à un personnage a priori secondaire mais qui traduit le plus clairement la pensée « politique » de Mordillat. Thelma, la compagne d’un des « valets » de haut rang de la compagnie d’assurance. Thelma déblogue de temps à autre. Ses propos ne manquent ni de saveur ni donc de pertinence.

« Comme le disent en chœur ces messieurs du gouvernement, « nous sommes en guerre ». Et c’est vrai : nous sommes en guerre, mais notre ennemi le plus cruel n’est pas celui des territoires lointains. Il est ici, en France, celui qui mène une guerre sans merci contre le salariat, le syndicalisme et toute forme de contestation populaire. Cet ennemi, c’est le gouvernement actuel. Déjà Saint-Just l’affirmait : « Il n’est pas de pire ennemi du peuple que son gouvernement… »

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