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Lectures
18 avril 2018

La ligne de fuite

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« La ligne de fuite »

SAFONOFF Catherine

(Zoé)

 

D’ordinaire, ce genre de bouquin met le Lecteur mal à l’aise, lui qui répugne à s’immiscer dans la vie d’une inconnue censée narrer quelques-uns de ses secrets les plus intimes. Mais avec « Ligne de fuite », il s’est produit une sorte de prodige : non seulement il a accepté, mais il a pris plaisir à accompagner Catherine Safonoff dans ses errances et dans le temps et parmi les espaces qui sont ceux de la romancière autour de Genève. Peut-être parce que très vite celle qui lui fut comme une sœur ainée lui révéla certains de ses ancrages littéraires. A commencer par Erri De Luca (« C’est un héros, il se défendait d’en être un, mais ses livres ne pouvaient pas s’empêcher de le dire. »). Mais aussi Charles-Ferdinand Ramuz, que le Lecteur avait pratiquement oublié, mais qui, au sortir de son adolescence, fut un Ecrivain qui le passionna. Et Roger Vaillant qui fut le quasi voisin de Catherine Safonoff. Et Giono, bien sûr !

Avec enfin, et puisque le Lecteur énumère quelques écrivains proches de la romancière helvétique, un regard distancié sur Camus. « Je relis L’Etranger. Je croyais avoir bien lu le livre, jeune fille. Je vois que j’ai passablement oublié la deuxième partie, qui requiert du lecteur une prise de conscience, sinon de parti. Je vois aussi que j’ai perdu la ferveur de ma jeunesse. »

Mais « La ligne de fuite » n’est pas réductible aux rencontres avec ces écrivains-là (et quelques autres). C’est la course du temps racontée sur quatre saisons par une vieille dame très digne. Des saisons que s’achèvent avec le recommencement, l’irruption du printemps, ce qui ne doit évidemment rien au hasard. Le Lecteur a aimé accompagner Catherine Safonoff. Il lui vint même l’idée saugrenue de lui donner la main, ne serait-ce que pour durant un bref instant lui exprimer son infinie gratitude. Ou bien lors des rencontres fortuites avec Monsieur Z ? Dans cette prison où l’Ecrivain s’en vient tenter de transférer un peu du goût de l’écriture à des quelques femmes embastillées ? Avec ces humains rencontrés sur les rives du Léman et qui s’en viennent d’ailleurs où ils ont vécu le pire ? Le vieux Lecteur se plait à rester en équilibre instable sur cette « ligne de fuite ».

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