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Lectures
13 avril 2018

Belle merveille

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« Belle merveille »

NOËL James

(Zulma)

 

Haïti. L’effroyable séisme de janvier 2010. Les monceaux de cadavres. Un pays pris en main par l’ONU et par les ONG. Un pays au-delà de la ruine. Un pays qui n’est plus un pays, si ce n’est sur les quelques parcelles au milieu desquelles des gens semblables au Narrateur. Des fous, des insensés, des poètes. Puisque dans cet ouvrage, il serait vain de prétendre s’installer dans un roman, qu’il offre l’au-delà du roman, entremêlant l’histoire d’amour entre ce narrateur et Amore, la militante italienne liée à l’une de ces ONG, la peinture hyperréaliste du séisme et de ses conséquences, le réquisitoire qui dénonce l’action internationale. Un récit bref, nerveux, coloré, haletant. Un récit qui laissa le Lecteur pantois, submergé par l’émotion aussi bien que par la colère.  Un récit poignant qui raconte de fulgurants instants de l’histoire d’Haïti (dont l’aéroport porte le nom de Toussaint-Louverture), des vaines tentatives pour créer une démocratie digne de ce nom jusqu’aux dictatures sanguinaires. Une si belle, si attachante merveille que cette « Belle merveille » !

« Des rescapés à bout de souffle, des sinistrés au plus fort de leur peine, se sont rendus à Canaan pour y aller planter leur tente. Vu que ni le lait ni le mùiel ne coulaient en ce bas lieu de Canaan, et que les sinistrés voulaient une réponse à leur soif de vivre, ils sont arrivés là-bas, les yeux fermés, la bouche ouverte, le cœur gonflé d’espoir. Pris entre les guillemets d’un vieux remords et d’une famine féroce, les sinistrés, parmi eux de fervents croyants, se sont mis à maudire Dieu et à jurer sur le sexe de leur mère pour signifier que plus jamais ils ne se courberaient pour prier. Plus jamais ils ne redeviendraient les dociles serviteurs de la providence. La colère dans les yeux et la flamme dans les mains, ils ont commencé par déchirer et ont fini par brûler leur bible, en présence ce qu’ils identifient comme des témoins oculaires de Dieu, c’est-à-dire des missionnaires et de bons samaritains arrivés d’en haut, des pays où il faut un visa pour traverser et passer, des pays où même un enfant en bas âge doit d’abord montrer patte blanche, donner empreinte digitale pour être reçu comme un humain, avec parfois le mot de bienvenue qui tombe la nuit du fond des haut-parleurs. A tout seigneur, tout honneur, presque. »

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