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9 avril 2018

Le sympathisant

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 « Le sympathisant »

VIET THANH NGUYEN

(Belfond)

 

« Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double. Sans surprise, peut-être, je suis aussi un homme à l’esprit double. » Voilà pour la présentation que le personnage sans nom – un métis - fait de lui-même dès le début du roman. Dans un contexte bien particulier : les journées qui précèdent la chute de Saigon et la fuite de la soldatesque américaine qui accepte d’emmener avec elle quelques-uns de ses redevables. L’espion est alors le conseiller d’un général vietnamien. Les deux hommes, ainsi que les proches du général, embarquent au tout dernier moment dans un avion de l’US Air-Force, puis après un transit sur l’île de Guam vont se retrouver en Californie où ils commenceront une nouvelle vie dans les limites d’un rêve américain déjà passablement ringardisé. L’espion, toujours souterrain, deviendra conseiller « militaire » auprès d’un cinéaste qui se prépare à tourner un film, sorte de regard spécifiquement américain sur la guerre qui vient de s’achever sur une débâcle. Puis il regagnera les marges de son pays natal avant de se retrouver dans les geôles communistes où il subira les « questions » posées par l’homme qui fut (et qui reste ?) son ami.

Le Lecteur n’a pu s’empêcher d’effectuer un rapprochement entre l’Auteur de ce roman et Grahame Greene. Mêmes thématiques. Même ambigüité. L’agent double infiltré. Dans le contexte de la Guerre Froide, mais aussi des guerres de libération nationale au cours desquelles se singularisèrent les armées françaises et américaines. Un roman qui est un exercice d’équilibriste plutôt réussi, qui a tenu en haleine le Lecteur tout en réveillant en lui tant des souvenirs liés à cette abominable guerre, celle du Vietnam bien entendu.

« Hollywood ne se contentait pas de fabriquer des monstres de films d’horreur, il était son propre monstre de film d’horreur, qui me broyait sous son pied. J’avais échoué. L’auteur ferait LE SANCTUAIRE comme il l’entendait, et mes compatriotes serviraient simplement de matière première à une épopée sur des Blancs sauvant de bons Jaunes de mauvais Jaunes. Les Français me faisaient pitié, avec leur naïveté à penser qu’il fallait visiter un pays pour l’exploiter. Hollywood était beaucoup plus efficace : il imaginait les pays qu’il voulait exploiter… »

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