Rancoeurs de province
« Rancœurs de province »
BERNATEK Carlos
(L’Olivier)
Reflets d’une Argentine en déroute par le truchement de deux personnages sans véritable relief. Poli, qui vivait chichement de la vente d’encyclopédies et qui est viré du jour au lendemain. Selva, une jeune femme qui va de petit boulot en petit boulot et qui finit par échouer dans une station balnéaire où un individu qui prétend brasser les affaires lui propose de tenir un bar. Tableau réaliste d’une société en pleine déliquescence ? A n’en pas douter. Poli, répudié par sa femme et son fils, finit par rencontrer une clique d’évangélistes au service de laquelle il devient vendeur de bibles et de tubes de dentifrice. De son côté, Selva se retrouve abandonnée dans un bar qui n’ouvrira pas alors que s’annonce la saison estivale et donc l’afflux de touristes.
Un roman d’une infinie noirceur qui semble parfois flirter avec le polar, mais qui révèle au fil des pages d’exceptionnelles qualités littéraires. Un roman « sensible » qui traite de ce qui est infligé à la multitude des pauvres gens dans une société où les élites sacrifient au culte du Veau d’Or. L’improbable rencontre de Selva et de Poli sera-t-elle susceptible de modifier le cours des évènements sur ces rivages maritimes qui symbolisent comme une pureté retrouvée ?