Le temps des Immortelles

« Le Temps des immortelles »Moyenne

DÜMMEL Karsten

(Quidam)

« Arno K., né en 1950, a vu le jour – dans son pays. Tout juste un an après la création de l’Etat. Un état qui avait toujours prétendu vouloir le bien… Il avait grandi à Berlin et dans le Mecklembourg… »

Début des années. L’ex RDA. Arno K. Progressivement étouffé par la Stasi. Car soupçonné de déviation idéologique et de préparer son passage à l’Ouest. Lui qui entretient des relations suspectes aussi bien à l’intérieur de la RDA que de l’autre côté de la frontière. Ecrivain qu’il s’agit donc de rendre inopérant en amenant d’éventuels éditeurs à refuser les éventuels manuscrits qu’il aurait l’outrecuidance de leur confier. Chauffagiste dans une usine berlinoise. Vivant de peu et dans une quasi solitude. Sauf que ses contacts « impurs » l’ont rapproché de Michèle, une française qui vit de l’autre côté du Mur et qui dispose du droit de se promener presque librement au volant d’une « Deudeuche » Et que de cette idylle va naître une petite fille qui ne connaîtra pas son père. Mais qui, rendue à l’âge adulte, au volant d’une autre « Deudeuche » s’en ira jusqu’à Berlin, Oranienburger Strasse, afin de rechercher quelques infimes traces de son père décédé avant même l’achèvement du « socialisme réel » (dont, et sans aucun doute, les notes successives concoctées par les agents de la Stasi).

Bouleversant, douloureux roman, tout en retenue, pudique, d’une écriture d’une poignante sobriété. Le récit de la destruction d’un être humain. Son effroyable solitude.  L’absence de toute sollicitude dans son environnement. La lente, l’inexorable descente aux enfers. Un roman qui n’est pas seulement la narration d’un moment de l’Histoire, mais aussi une nécessaire piqûre de rappel destinée à celles et ceux qui vivent les yeux clos le dépérissement de leur propre liberté. Un roman qu’accompagne un hommage discret et récurrent à Christa Wolf.