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Lectures
17 décembre 2017

A qui de droit

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« A qui de droit »

CAPARROS Martin

(Buchet-Chastel)

 

Un troublant et douloureux retour sur la dictature militaire. En Argentine. Voilà quarante ans. Des Engalonnés imbibés d’idéologie national-catholique. Ce que le roman explicite clairement.

Carlos appartient aux mouvements d’extrême-gauche engagés dans des luttes visant à instaurer une société socialiste. Lorsque les militaires prirent le pouvoir, Estela, sa compagne fut arrêtée. Tout laisse supposer qu’elle fut transférée à l’Acongagua. Là où la soldatesque torturait les insoumis d’alors. Sous le regard (sous le contrôle ?) et à l’instigation des gens d’église. Un aumônier en cette geôle : le père Fiorello. Qui, et pour peu qu’Estela ait été enceinte, aura confié l’enfant, après l’accouchement de la jeune femme, à ceux des nantis d’alors qui « adoptaient » les orphelins.

Quarante ans plus tard, Carlos essaie non seulement de remettre un peu d’ordre dans ses souvenirs, mais aussi de refermer des plaies toujours à vif. La vengeance, puisqu’il a retrouvé la trace du funeste aumônier ? A-t-elle encore un sens dans une société qui a choisi l’oubli et face à quelques-uns de ses anciens compagnons de combat qui se sont intégrés au système néolibéral, lequel leur assure de confortables conditions d’existence ? C’est ce long et douloureux cheminement que raconte ce roman qui a bouleversé le Lecteur.

Mais il est indéniable que c’est le rôle que jouèrent les vaticancaneurs argentins durant cette dictature qui souleva chez lui d’incessantes nausées. A chaque fois que l’Auteur évoque la personnalité de l’aumônier, il ne pur s’empêcher d’entrevoir le visage de celui que ses pairs installèrent dans les fonctions de Grand Vaticancaneur. Ce vieillard d’aujourd’hui, affable, souriant, compatissant, qui parvient à séduire des gens d’ordinaire peu enclins à génuflexionner.

« … il était certain qu’il avait longuement préparé le contenu de son sermon… ainsi que les inflexions gestes postures grâce auxquels il tenterait de captiver son auditoire vert olive. Et, pour quelque raison, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer ce sermon de cour de caserne à l’air libre, sous un soleil éreintant, au milieu d’effluves de sueur. Et les commentaires juste après, les félicitations, le contentement répugnant du prêtre soulagé une fois passé le stress initial, se sentant au début d’un long et fécond chemin, embrassant le crucifix offert par sa mère ou son confesseur avec cette passion baveuse de ceux qui embrassent des corps erronés, morts. »

Le Lecteur insiste : ce roman ne se résume pas à ce seul aspect de la tragédie que vécut l’Argentine voilà quarante ans. Mais il est tout de même celui qui ne peut, qui ne doit pas être passé sous silence.

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