Quand monte le flot sombre

« Quand monte le flot sombre »

DRABBLE Margaret

(Bourgois)

La vieillesse. La mort. Le tout observé avec un certain détachement peut-être assimilable à de l’humour. A la britannique en quelque sorte. Mais avec ce petit supplément d’âme qui sut d’abord retenir puis intéresser le Lecteur. Des personnages attachants. Dont Fran et sa parentèle. Fran, femme qui chemine vers le terme de son existence. Ivor et Bennett qui ont choisi de vivre aux Açores. Leur façon à eux d’échapper aux brumes morales et intellectuelles qui enveloppent leur pays et s’y insinuent dans tous les recoins.

Soit donc un roman qui brosse avec une apparente légèreté le portrait d’une société qui se complaît dans la fadeur, la médiocrité, le renoncement, la lâcheté et l’égoïsme. Un roman qui, au fil des pages, acquiert une émouvante densité. Celles et ceux qui meurent étaient-il les fleurons d’un monde qui s’achève, d’un monde qui se dilue dans la morosité et l’ennui ? Un monde en voie d’achèvement qui se reflète dans les nombreuses références littéraires destinées à éclairer le cheminement de l’Auteure ?

« Nous pouvons tous nous attendre à vivre plus longtemps… Fran trouve que cette statistique, vraie ou fausse, est exaspérante. La longévité a foutu en l’air nos pensions, notre équilibre entre vie professionnelle et vie privée, nos services de santé, nos logements, notre bonheur. Elle a foutu en l’air la vieillesse elle-même. »