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Lectures
19 juillet 2017

Hors du charnier natal

Claro-Charnier-6

 

 

 

 

 

 

 

 

« Hors du charnier natal »

CLARO

(Inculte)

 

« Et nous sommes un autre. » Etrange clin d’œil rimbaldien qui agit comme une mise en garde destinée au Lecteur, afin qu’il n’anticipât pas sur le sens de l’œuvre dans laquelle il s’insinue sans manifester ce qui pourrait prendre les apparences de l’appréhension. Claro n’est-il pas censé endosser le costume du biographe ? L’homme de plume chargé de raconter la vie de Nikolaï Mikloukho-Maklaï, cet anthropologue russe de la seconde moitié du 19° siècle qui s’installa chez une peuplade de Nouvelle-Guinée laquelle, jusqu’à son irruption, n’avait jamais vu d’homme blanc. L’homme de plume qui d’emblée s’interroge : « Qu’ai-je à faire de Nikolaï Machinchose ? » Question à laquelle il finira par répondre en toute fin d’ouvrage : « Mes maux font de moi un Nikolaï, et de ce Nikolaï renaît chaque matin un savant qui cherche, dans la décomposition de la matière et l’épuration des formes, la clé du dynamisme originel. »

Entre temps, Claro aura administré la preuve que Nikolaï Machinchose ne l’intéresse guère. Dans un texte flamboyant aux tonalités effectivement rimbaldiennes. Un texte au cœur duquel se juxtaposent des lambeaux des biographies respectives de Nikolaï Machinchose et de Claro. Des lambeaux qui toutefois éclairent beaucoup mieux le propos du prétendu Biographe que ce que fut la démarche scientifique de l’anthropologue russe. Ce qui, somme toute, a réjoui le Lecteur.

« Au milieu des baveux et des gémisseurs, entre les murs sur lesquels le foutre et le sang traçaient des contrées salaces, le nez pincé pour refouler les fumets d’idiotie qui changeaient mon nouvel univers en claque forain, j’en ai profité pour étudier les actes des poètes, patauger dans les entrailles des poètes, sucer la moelle des poètes, compter les poils du cul des poètes… Leur systématique dévoration m’a permis de comprendre que l’équation de nos vies est d’une cruelle simplicité. Nous sommes nous-mêmes moins nos crimes ; nos fautes nous rendent excédentaires à notre être originel. Elles nous grandissent, certes, et nous fortifient, mais elles nous déforment également et parfois nous rendent hideux ; dûment punis, donc purgés, il ne tient qu’à nous de retrouver nos dimensions premières… »

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