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Lectures
1 février 2017

La guerre du Cameroun

9782707192141

 

 

 

 

 

 

 

 

« La Guerre du Cameroun

L’invention de la Françafrique »

DELTOMBE Thomas

DOMERGUE Manuel

TATSITSA Jacob

(La Découverte)

 

Il y eut la guerre d’Algérie. Si présente dans la mémoire du Lecteur. Il y eut, durant la même période (des années 1950 aux années 1960) une autre guerre, aussi abominable que l’autre, mais rarement évoquée. Alors qu’elle marque la naissance de la Françafrique. C’est-à-dire, par d’autres voies, la prolongation du fait colonial. La guerre conduite par l’armée française au Cameroun. Où il s’agit d’éradiquer les mouvements qui ont entrepris de lutter pour l’indépendance et qui, après l’échec d’un processus politique initié par l’ONU (le Cameroun n’était pas une colonie mais un protectorat), engagent la lutte armée. Les vaincus de Den Bien Phu imaginent la « doctrine de la guerre révolutionnaire » pour tenter d’endiguer l’irréversible mouvement d’émancipation des peuples. Une doctrine qui fait de la terreur l’arme quasiment exclusive : massacre de populations civiles, bombardements aveugles, embrigadement de milices, torture…

Au terme de cette guerre, le Cameroun deviendra le premier pion de la Françafrique. Corruption. Concussion. Dynasties soutenues et pilotées depuis Paris. Un processus que le Monarque finissant, en dépit de ses professions de foi initiales, n’a pas remis en cause. Donc un livre nécessaire, qui met en exergue l’immoralité des pratiques politiques qu’ont perpétué et que perpétuent tous les gouvernements français.

« C’est en effet au Cameroun que fut élaboré jusqu’à ses conséquences ultimes, par le biais d’un affrontement combinant une guerre de libération nationale, une guerre contre-insurrectionnelle et une guerre civile, la formule de l’Etat sous tutelle… L’Etat sous tutelle est le contraire d’un Etat souverain classique. Plus précisément, il jouit d’une souveraineté parcellaire, voire conditionnelle. La puissance occupante se retire de l’avant-scène, après l’avoir cédée à des suppléants locaux. Des fragments de cette souveraineté font l’objet d’une extraterritorialisation et, à ce titre, sont exercés à partir de centres lointains. D’autres pans font l’objet d’un exercice local, par le biais de contremaîtres autochtones qui supervisent un territoire régenté à la manière d’une capitation – c’est notamment le cas pour ce qui concerne l’administration de la brutalité et l’accaparement des ressources et des profits. D’autres enfin font l’objet d’un partage plus ou moins équitable. Dans tous les cas, le territoire supposé souverain est géré comme une prise de guerre, et ses habitants traités moins comme des citoyens que comme des captifs. »

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