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28 décembre 2016

Destiny

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« Destiny »

FLEUTIAUX Pierrette

(Actes Sud)

 

La rencontre improbable de deux femmes. Anne, la narratrice, confortablement installée dans la société française, « de retour d’une virée d’achats pour la naissance prochaine de sa petite-fille ». Et Destiny, une « migrante » venue du Nigéria, qui se cherche à Paris un espace de survie. Destiny appuyée contre le mur d’une station de métro, « jeune, noire, enceinte, et semble en souffrance ». Une main qui se tend. Ce qu’Anne s’interdit de considérer comme relevant de la charité. Quelques « cadeaux ». Un peu de nourriture. Des vêtements chauds. Une relation faite tout autant de malentendus que de sous-entendus s’instaure entre les deux femmes. Un dialogue dans un anglais incertain, confus, celui dont Destiny ne connaît que des bribes utiles, souvent mal comprises par Anne.

Une histoire qui se découvre peu à peu. Du Nigéria à Paris, et la multitude des épreuves, des souffrances, dont l’infernale traversée de la Méditerranée depuis la Lybie. La volonté de rester debout. Qu’Anne admire. Anne qui prend fait et cause pour sa protégée. « Elle voudrait que sa multitude se lève devant cette femme, Destiny, devant son courage, sa force, se lève devant elle au lieu de l’ignorer, de la repousser ou de lui faire l’aumône de quelques bulbes d’air à respirer. Elle dit à sa multitude qu’un pays appartient autant  à ceux qui l’ont conquis à travers mille épreuves qu’à ceux qui s’y trouvent par fait de naissance, appartient autant à ceux qui l’ont mérité qu’à ceux qui en ont simplement hérité. »

Donc un roman « politique », au sens humain. Sans verbiage. Sans démonstrations outrancières. Un roman qui a captivé le Lecteur. Deux femmes qu’a priori tout oppose, mais qui se rapprochent, essaient de se comprendre, s’interpellent, confrontent leurs cultures respectives. Qui parviennent à s’apprivoiser donc à se comprendre. En dépit de cette foutue langue qui pour Destiny n’exprime pas les mêmes choses que celle qui fut enseignée à Anne. Avec, pour Anne, cette angoisse, cette peur constantes que l’étrangère ne soit embastillée avant que d’être renvoyée sur des terres où elle n’a pourtant plus sa place.

Un roman à la marge. Un roman nécessaire. Etranger à l’idéologie dominante, aux renoncements qu’elle suggère, qu’elle cherche à imposer. Un roman qui ne larmoie pas. Un roman fait qui vibrer le meilleur de l’humain.

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