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Lectures
21 décembre 2016

Chutes

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« Chutes »

ZERLINI Gilles

(Materia Scritta)

 

Une découverte qui relève de l’improbable. Le nom d’un écrivain mentionné à l’intérieur du message transmis par une « connaissance » corse. Une rapide recherche gougueulisante. Qui conduisit le Lecteur jusqu’au site d’une maison d’édition insulaire. Lequel Lecteur commanda pour la somme de 12 euros ces « Chutes » (« ou les mésaventures de Monsieur Durand »), court roman écrit par Gilles Zerlini.

Grâce soit rendue à ce que dans le jargon des professionnels de l’édition on appelle une « petite maison ». En l’occurrence une toute petite maison ayant pignon sur rue à Propriano. Mais qui expédie ses publications depuis Paris (en omettant toutefois de joindre au colis un autre ouvrage commandé et payé par le Lecteur). Qui semble accomplir un excellent travail. Qui accomplit un excellent travail, ce que prétend affirmer le Lecteur au terme de sa découverte inattendue des « Chutes ». Car il ne s’agit évidemment pas d’une descente, processus lent et progressif, vers des abîmes indéfinissables. Non. Ce court roman raconte comment et dans quelles circonstances Monsieur Durand chuta. Monsieur Durand, « un drôle de type comme on dit, un type simple, une face ordinaire, sans beaucoup de charisme. Pas beau, pas laid, un visage passe-partout, normal. ». Cadre dans une société de communication. « Un travail sans aucun intérêt où la journée se passe entre ouvertures du courrier, réponses au courrier, machine à café, plaintes autour de la photocopieuse déficiente, et réunions préparatoires des futures réunions. »

Sauf que, n’est-ce pas, le monde change. Et en particulier le monde du travail. Et qu’il devient donc vital de s’adapter aux nouvelles contraintes. Ce dont Monsieur Durand est incapable. En vingt six chapitres, courts, denses, concis, Gilles Zerlini raconte les phases successives de ces chutes vers l’anéantissement. Avec un humour distancié, une drôlerie qui provoquèrent chez le Lecteur quelques éclats de rire. Mais aussi et surtout une belle pertinence dans la description de la déshumanisation du monde du travail.

« Je connais le ressentiment qui t’étreint, ce sentiment d’inutilité, cette sensation d’avoir toujours fait pour le mieux, d’avoir été un bon employé, un bon soldat, je sais tes heures passées à l’entreprise ton implication sans compter, mais ça ne vaut rien à leurs yeux. L’ancienne force de travail, ils s’en moquent, tes capacités de même, ce qui les intéresse c’est tout, ton entité, ils te veulent en entier, ils te payent pour pouvoir t’appeler la nuit, ils veulent que ta pensée, tes loisirs tes croyances, ta foi, soient au service de l’entreprise, que ton cœur et ton souffle soient à eux, qu’ils fassent partie du contrat, c’est tout ça que tu as signé sans le savoir… »

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