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Lectures
28 novembre 2016

Le Vieux Saltimbanque

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« Le Vieux Saltimbanque »

HARRISON Jim

(Flammarion)

 

Jim. Le Vieux Saltimbanque établit les fragments d’une autobiographie. Ces moments de son existence qu’il estime sans doute nécessaire de relater, de ne pas abandonner à d’autres le soin de les reconstruire à leur façon. Non que Jim Harrison ambitionnât de s’inscrire dans une quelconque éternité. Mais simplement pour que les traces qu’il laissera de lui-même ne soit pas déformées. D’où l’usage de la troisième personne du singulier, ce « il » qui spécifie la relative distanciation. Pour le plus grand ravissement du Lecteur.

« Son épouse manifesta pour la première fois son désir de ne plus habiter avec lui à une époque où il buvait comme un trou. Elle avait mis dans le mille. Il n’était plus l’homme calme, intelligent, svelte et poli qu’elle avait épousé. Autrefois, elle aimait son corps mais, depuis leur mariage, il avait pris trente-cinq kilos. Durant ses périodes de marche compulsive, il en perdait parfois douze ou treize, et une année, à force de volonté, il se débarrassa de vingt kilos. Mais sa plume s’en ressentit. Il écrivit ses livres les plus forts dans une période où il cédait à toutes ses envies culinaires. Comment bien écrire quand on pense tout le temps à la bouffe ? On ne peut pas essayer d’écrire sur la sexualité, le destin, la mort, le temps et le cosmos quand on rêve en permanence d’un énorme plat de spaghettis aux boulettes de viande… »

Tout le reste est l’avenant. Une suite d’anecdotes qui aident à un peu mieux connaître l’Ecrivain, en reliant entre eux des fils épars laissés de côté lors de la lecture de ses romans, en apportant quelques réponses qu’ils avaient immanquablement soulevées, en donnant l’envie de les retrouver, de s’immerger en eux, mais aussi de découvrir le Poète qui lui est inconnu.

« La poésie a parfois ce genre d’effet. Soit on se retrouve au septième ciel, soit on barbote en pleine dépression. On pond un premier vers formidable, mais la pensée n’est pas assez puissante pour en enchaîner d’autres et, au beau milieu de la création, les mots s’ennuient et se font la guerre. Nos carnets sont remplis de ces fragments, le shrapnel de nos intentions. La vie est pingre en conclusions, voilà pourquoi on se bat souvent pour achever un poème. Certains sont perdus à jamais. On se promène parfois en ruminant plusieurs versions d’un même texte qui n’aboutissent à rien. On est l’esclave de cette langue du chaos qui nous fait cogiter des jours et des semaines entières. Quand le poème finit par fonctionner, on nage dans le bonheur et on oublie les difficultés passées, tout comme on oublie très vite ses souffrances… »

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