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Lectures
26 septembre 2016

Mémoire de fille

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« Mémoire de fille »

ERNAUX Annie

(Gallimard)

 

Annie Ernaux persévère. Elle continue à trifouiller dans les tréfonds de son histoire personnelle afin d’y retrouver les éléments disparates qu’elle rassemble ensuite afin de leur donner un peu de cohérence. Ici, dans cet ouvrage, l’été 1958, la première rencontre charnelle avec le moniteur en chef de la colonie de vacances où elle est simple monitrice. La mécanique amoureuse dans une relation de dominant à dominée, donc dans un rapport de force contraignant. Que la narratrice a contenu dans un recoin de sa mémoire. Qu’elle exhume. Qu’accompagne le regard des autres, amies, parents et quasi inconnus. Avec tout ce qu’elle pressent sur leurs jugements. Dans un temps où il était mal venu, pour une jeune fille, d’user librement de son corps, fusse au prix d’expériences douloureuses mais apparemment acceptées comme telles. Le Lecteur a accompagné Annie Ernaux dans son cheminement. Ou, et plus exactement, il l’a suivie, sans jamais ressentir le besoin de lui tendre la main. Se contentant d’écouter la narratrice, de se dire, au détour d’une phrase, « j’ai vécu moi aussi des choses tellement ressemblantes et qu’il n’était alors guère plus aisé d’être un jeune homme de dix-huit ans ».

« C’est la première fois que je retrace cette nuit du 16 au 17 août 1958 en éprouvant une satisfaction profonde. Il me semble que je ne peux m’approcher davantage de la réalité. Qui n’était ni l’horreur ni la honte. Seulement l’obéissance à ce qui arrive, l’absence de signification de ce qui arrive. Je ne peux pas aller plus loin dans cette sorte de migration volontaire dans mon être d’à peine dix-huit ans, dans mon ignorance de la suite, du dimanche commencé. »

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