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Lectures
27 mai 2016

Coeur tambour

cp_coeurtambour

 

 

 

 

 

 

 

 

« Cœur tambour »

MUKASONGA Scholastique

(Gallimard)

 

S’impose au Lecteur l’image d’une frêle jeune femme. Souvenirs d’un soir d’automne. Voilà sept ou huit ans. Dans une salle minuscule et mal éclairée. A Montélimar. Scholastique. Conviée à présenter son premier roman « Inyenzi ou les cafards ». Réservée. Timide. Pudique. Comme recroquevillée. Face à une maigre assistance qui donna au Lecteur la douloureuse impression qu’elle était venue scruter la Survivante, la Rescapée. Peu soucieuse, cette assistance, de comprendre le sens du travail littéraire accompli par Scholastique. Quelques voyeuses et voyeurs aux regards desquels la jeune Auteure semblait alors vouloir échapper.  Mais qui se résolut tout de même à prononcer quelques phrases.

Avec « Cœur tambour », Scholastique administre, s’il en était besoin, la preuve qu’elle a bien, très bien grandi. Scholastique a pris son essor. Scholastique s’extirpe du Rwanda sans se défaire des douloureuses séquelles de l’Abomination. Dans ce nouveau roman, c’est l’Afrique tout entière, avec ses lointaines ramifications qui vibre au son du tambour sacré (« un tambour assotor qui avait échappé aux bûchers dressés par le clergé catholique lors de la croisade antisuperstitions des années 1940 ») et dans la voix de Kitami. L’esclavage. La colonisation. La recherche des voies de l’émancipation. Les combats. Les rêves. Les illusions. La multitude des souffrances. Le roman palpite. Le roman s’enfle d’une colère qui se contient si peu, qui transparaît derrière la musique rasta, dans les effluves qui s’exhalent de l’herbe sacrée.

« Les rythmes de nos tambours viennent tout droit de ceux que les esclaves qui s’étaient libérés eux-mêmes, les marrons, frappaient sur les mornes inaccessibles aux planteurs, à leurs chiens et à leur chiourme. Nous sommes des nègres libres comme le furent nos ancêtres qui choisir de mourir libres plutôt que vivre dans la servitude… »

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