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Lectures
23 mai 2016

Ah! Ca ira...

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« Ah ! Ca ira… »

LACHAUD Denis

(Actes Sud)

 

Roman en prise avec les problématiques politiques actuelles. Un vrai et excellent roman politique. Qui interroge. La révolution ? Eh bien, oui, la révolution. Certes, dans sa fiction, Denis Lachaud la renvoie à l’an de grâce 2037. Mais la fiction n’a-t-elle pas pour vocation de rendre aléatoire l’échelle du temps ? Après tout, est-il important de savoir quand s’est constitué le groupe Ventôse ? N’est-il pas plus important de savoir qu’il regroupa quelques membres qui s’appelaient Robespierre, Saint-Just ou Marat ? Que ce groupe enleva le président de la république, le jugea, le condamna et l’exécuta ? Que ses membres finirent par être arrêtés, jugés et condamnés ? L’Etat tout puissant imposa sa loi.

Cet Etat s’y essaie encore lorsque, en  2037, Saint-Just sort de prison. Le monde a changé. La Chine est devenue la première puissance mondiale. La France et l’Europe ne sont désormais guère plus qu’un immense parc d’attraction où les Puissants ont obtenu que soient créées des réserves de main d’œuvre à très bon marché. Les migrants. « Bruxelles a répondu à un souhait des différents dirigeants nationaux de voir l’Europe imaginer un cadre légal ouvrant la porte, dans chaque pays membre, au parcage longue durée des migrants affluant d’Afrique subsaharienne, d’Asie centrale, puis du sud de l’Europe quand on a exclu de l’espace Schengen la Grèce, le Portugal et finalement l’Espagne, des boulets que l’Europe du Nord ne souhaita it plus traîner. »

Des gens résistent. Des gens s’opposent. Chloé, l’ancienne compagne de Saint-Just (Antoine) milite au sein d’une association qui aide ces migrants. Rosa, leur fille (qui découvre enfin son père), s’engage dans des formes de résistance que réprouvent les gouvernants. « Je suis la fille du papa présent et anonyme des premières années, je suis la fille de Saint-Just, le membre de Ventôse, de Saint-Just, le révolutionnaire, de Robespierre, le révolutionnaire, de Rosa Luxembourg, la révolutionnaire. Tu m’as manqué mais ton absence m’a faite. Il n’y a rien à regretter. Je suis ta fille. Je suis prête. »

Dans une société où les plus démunis ne sont plus protégés (ou si peu et si mal), des consciences font entendre bien plus que leur indignation. Elles savent user des machineries électroniques et créer des réseaux d’action et de résistance. Si certains perpétuent les formes anciennes de la lutte armée en exterminant quelques magnats de la finance, d’autres, à l’instar de Rosa, décident d’occuper le domaine public, leur chez eux, en l’occurrence un espace vert au bas des Champs Elysées. (Voilà donc qu’au moment où le Lecteur s’emparait de ce roman, celui-ci entrait en résonnance avec l’actualité !) La machinerie gouvernementale ne sait comment s’opposer à des formes d’action non conformes. La machinerie gouvernementale use de la provocation. En vain. Un courant d’une exceptionnelle et pacifique puissance la contraint à reculer. La machinerie gouvernementale se délite. L’avenir se teinte peut-être de couleurs un peu plus vives, un peu plus chaleureuses.

Le Lecteur a donc aimé ce roman. Un roman militant ? Oui, dans la mesure où il bouscule la vieille et archaïque idéologie de la soumission, où il laisse entrevoir l’autre monde, celui de la justice, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Ce roman-là ne doit pas être confiné dans les oubliettes de la lecture publique. Il parle, il nourrit les espoirs de celles et ceux qui ne se sont pas encore résignés. S’y confronter, c’est commencer à vivre ou à revivre.

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