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Lectures
5 mars 2016

Toutes les vagues de l'océan

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« Toutes les vagues de l’océan »

DEL ÁRBOL Víctor

(Actes Sud)

 

Les hasards des disponibilités sur les rayonnages de la Médiathèque que fréquente le Lecteur: après « Les yeux fardés » de Lluis Llach, ce roman de Víctor Del Árbol. Un retour, là encore, sur la Guerre d’Espagne. Mais celui-ci beaucoup plus dense, infiniment plus complexe.  Tel est le ressenti du Lecteur. Une immersion plutôt aboutie dans la Grande Tragédie qui se joua sur la scène européenne au milieu du 20° siècle. Explicitée dans ce que le Lecteur ne peut enclore dans le domaine particulier du « polar ». Qu’il rapproche des grandes œuvres de la littérature russe, celle qu’une vieille immigrée expose plus qu’elle ne vend dans une petite librairie de Barcelone.

Certes, il y a un crime. Un enfant assassiné. Donc une enquête. Un flic. Un avocat. Mais très vite, les fils épars se renouent entre eux. La toile se reconstruit. L’autre siècle. De Moscou à Barcelone. De l’utopie révolutionnaire jusqu’au goulag. Des profondeurs de la Sibérie jusqu’aux confins de l’Ebre. Quelques jeunes révolutionnaires embarqués dans la machinerie infernale. Ceux qui survivront et ceux qui y laisseront leur peau. « Quelqu’un a poussé ton père à une dichotomie insoluble : le héros et ses vertus contre l’homme et ses besoins. Le monstre a vaincu, ton père a choisi de vivre… » Les compromis. De la guerre en Espagne jusqu’à celle qui mit toute l’Europe (et même beaucoup plus que l’Europe) à feu et à sang. Et puis les survivants. Franquistes, communistes, anarchistes. Dont les empreintes restent visibles de ceux qui tentent de comprendre. Tel Gonzalo, l’avocat. Dont la sœur, mère de l’enfant assassiné, s’est suicidée. Fils et fille d’Elias, « héros » bolchevique. L’Espagne de l’après franquisme. La corruption. L’argent roi. Les Mafias. Un monde en décomposition. Le consentement tacite des Puissants. Et la multitude des cicatrices laissées sur le corps social, blessures mal refermées, blessures toujours purulentes. Une continuité qui défie les ruptures, qui les rend dérisoires. Le communisme soviétique ne fut pas la « jeunesse du monde ». A fortiori pour cette Espagne au sein de laquelle se dissimulent aujourd’hui encore certains des fantômes issus de cette tragédie qui conjugua toutes les vagues de l’océan.

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