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Lectures
3 février 2016

Portnoy et son complexe

PhilipRoth_PortnoyEtSonComplexe_copie_1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Portnoy et son complexe »

ROTH Philip

(Folio n°470)

 

Le Lecteur poursuit sa redécouverte de l’œuvre de Philip Roth. Plus de quarante ans plus tard, son enthousiasme ne se dément pas. Plus encore avec ce roman dont il n’avait retenu, pour une bonne part, qu’une tentative aboutie d’atteindre à l’émancipation, de rejeter, moquer et ridiculiser la bien-pensance et l’hypocrisie. « Portnoy et son complexe » va bien au-delà de cela. C’est une bombe à fragmentation qui n’épargne rien. Ni la famille juive, bien entendu, ni la si conformiste société américaine, ni le prégnance des autres religions. Mais encore la violence exercée à l’encontre des humbles, le racisme, l’exhibitionnisme des Puissants, la rapacité, l’égoïsme. Alexander Portnoy se débat dans les marais fangeux pour tenter de conquérir ce minimum de liberté sans lequel il n’est d’autre recours que d’abdiquer son « humanité ». Tout en assumant ses contradictions. Puisqu’il lui est autant difficile que périlleux d’échapper aux matrices qui l’ont façonné. Comme en témoigne, à la fin du roman, sa découverte d’Israël.

« Punaisée au-dessus de l’évier des Girardi se trouve une image du Christ qui monte en flottant vers les cieux en chemise de nuit rose. Ce que les êtres humains peuvent être répugnants ! Les Juifs que je méprise pour leur étroitesse d’esprit, pour leur bonne conscience, pour le sentiment d’une incroyable bizarrerie que ces hommes des cavernes que sont nos parents et ma famille ont acquis Dieu sait comment de leur supériorité – mais dans le genre clinquant minable, en fait de croyance dont un gorille même aurait honte, alors pas question de faire la pige aux goyim. A quelle espèce de pauvres connards demeurés appartiennent ces gens qui adorent quelqu’un qui, primo, n’a jamais existé et, secondo, si c’était le cas, avec l’allure qu’il a sur cette image, était sans aucun doute la grande Pédale de Palestine. Avec des cheveux coupés à la page, avec un teint de Palmolive – et affublé d’une robe, je me rends compte aujourd’hui, qui doit venir tout droit de chez Fredericks d’Hollywood ! En voilà assez de Dieu et de toute cette pourriture ! A vas la religion et cette humanité rampante ! Vive le socialisme et la dignité de l’homme ! »

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